Par les soirs bleus d'été... [PV Ryu' et ceux qui veulent]

Graphiste Messages : 51 Date d'inscription : 02/11/2012 Age : 24

Par les soirs bleus d'été...

Ryushi + ceux qui veulent ♫

J'ai toujours aimé lire. Que ce soit manuels scolaires, romans, ou même règlements; la lecture a toujours été une de mes passions.

***

J’étais assise sur mon lit, regardant par la fenêtre. Malgré l’heure tardive, le ciel était toujours bleu, et aucun signe du crépuscule ne s’annonçait. Rien. Tout était calme, tellement calme et silencieux que ça en devenait oppressant. Je connaissais à peine ce lieu, et rester plantée sans rien faire m’angoissait quelque peu. Alors je décidai de faire quelque chose. Mais quoi ? J’avais déjà fait le tour du pensionnat, j’étais trop timide pour essayer de faire connaissance avec quelqu’un, et par-dessus tout, je me sentais perdue où que j’allais. J’étais consciente qu’il fallait que je plante mes racines dans ce nouveau lieu de vie, mais sans mes parents, j’étais comme un acrobate à qui on aurait coupé les membres. J’espérais que j’allais me faire des amis, et la solitude m’accablait. J’avais peur. Peur de rester seule, peur de parler à quelqu’un. Alors me vint une idée : aller à la bibliothèque. Là-bas, je pouvais me plonger dans les livres ; me perdre dans un univers totalement nouveau et fantastique.

Ainsi, je déambulais dans les couloirs avec l’espoir de ne pas m’égarer. Surtout que comparé à tout ce que je connaissais jusque-là, le pensionnat était immense… Alors quand je poussai finalement la porte de la bibliothèque, ce fut un sentiment de soulagement qui m’envahit. Ce fut seulement à ce moment-là que je pus découvrir la grandeur de la salle, et les nombreux livres qu’elle renfermait. Je me réjouissais déjà à l’idée de les lire, jusqu’à l’instant où je me suis rappelée que…

Je ne parlais, lisais, écrivais pas le japonais.

Je pouvais à peu près comprendre ce qu’on me disait, mais pour ce qui était du reste… J’entrepris alors de rentrer dans ma chambre, avant de me souvenir que le bâtiment abritait des personnes de toutes nationalités, et donc que la possibilité qu’il y ait des livres en Chinois existait. Je commençai alors à chercher, et les bouquins commençaient à s’accumuler sur mes bras… Mais malgré la charge que je portais, je voulais prendre tous les ouvrages avec moi, les lire, et étudier les quelques livres japonais que j'avais pris...

Un pas. Deux pas. Trois pas. Boum.

Un pas, tout allait bien. Deux pas, je vacillais. Trois pas. C'est ce qui me suffit pour trébucher et tout faire tomber par terre. Je me précipitai pour tout ramasser, et reprendre la marche d'un pas hésitant. Je ne voyais pas plus de dix centimètres devant moi. Et rapidement, j'ai de nouveau fait un faux pas. Je heurtai quelque chose - quelqu'un. Je tombai à nouveau.

HRP:

Plus je fréquente les bibliothèques, plus je les aime. On n’y trouve pas de gens bruyants, ou excités, ou hostiles. Ou pas beaucoup, en tout cas. et puis, ce sont aussi des puits de savoir, et j’aime le savoir. Habituellement, je lis des livres philosophiques, mais en voyant certains romans de fantasy, j’ai été pris de curiosité, et j’ai voulu voir ce qu’on mettait sur les anges déchus. Ce que les humains racontaient sur nous. J’ai donc choisi les romans parlant de démons (les humains ont une tendance agaçante à amalgamer démons et anges déchus).
Franchement, j’ignorais que nous étions si sanguinaires et sadiques. Je ne rechigne pas à verser le sang, mais je ne m’en repais pas.
Dans la bibliothèque de Tsuruko, je sens beaucoup de gens à pouvoirs. C’est perturbant de les voir là, tous rassemblés, disposant d’assez de puissance pour détruire le Japon…et même plus. Je dirais même presque amusant.

Le japonais est une langue assez intéressante, complexe. J’ai déchiffré des glyphes plus complexes, mais cela n’empêche pas cette langue d’être parfaitement incompréhensible sans plusieurs années de travail. J’avais du temps. Je connais le japonais. Ce n’est pas la seule langue que je connaisse, mais il y a peu d’intérêt, dans ce pays, à connaître d’autres langues que le japonais et l’anglais…

J’aperçois du coin de l’œil une fille qui tient une pile de livres impressionnante à son bras. Trop, sans doute. Que disais-je ? Elle est tombée. C’est bien normal, on ne porte pas une telle pile de livres, si on veut qu’elle tienne.
Je détourne mon attention de la fille, qui ramasse fébrilement ses livres, pose le livre dans son rayonnage, et décidé, après l’amusement, d’aller chercher des livres plus intéressants. De la philosophie. Les philosophes chinois sont très intéressants, et je sais aussi déchiffrer le chinois. Complexe, le chinois, à appréhender entièrement.

Je me dirige donc vers un rayon de philosophie, quand soudain quelqu’un me heurte.
C’est la fille de tout à l’heure. Avec une telle pile de livres, elle ne voyait pas grand-chose, évidemment. Elle tombe. Je lui saisis vivement le poignet, l’empêchant de tomber. Je ne peux rien faire pour ses livres, malheureusement…Je soupire légèrement, avant de commencer à l’aider à ramasser ses livres.

Et puis, en me redressant, je la détaille. De prime abord, rien d’extraordinaire. Une quinzaine d’années, peut-être un peu moins. Mais elle est très mignonne, elle semble avoir un certain charme enfantin…ça commence mal : les gens de la sorte m’horripilent. De toute façon, il y a peu de choses dans ce monde qui ne m’horripilent pas. C’est comme ça, et ça date du temps où ces satanés crétins d’albâtre ont eu l’excellente idée de me rejeter de leur communauté.

Bref, passons. Je lui souris, me disant que peut-être, éventuellement, son caractère n’est pas à l’image de son physique. Ça arrive souvent… Il ne faut pas se fier aux apparences, dit-on. Plus intéressant encore, je perçois encore cette étrange sensation, cette infime résonance de pouvoir qui annonce qu’elle dispose d’une capacité surnaturelle, que ne devraient pas posséder les humains normaux. Encore un phénomène, tiens ! Faisons abstraction, on ne sait jamais, elle peut être utile. Je chuchote, assez haut pour me faire entendre d’elle et assez bas pour ne me faire entendre de personne d’autre (les gens dérangés ont une fâcheuse tendance à m’agacer et à devenir eux-mêmes dérangeants) :

– Vous devriez prendre moins de livres, ça ne réussit pas à votre vue…

Une subtile inflexion dans la voix lui fera comprendre que c’était de l’ironie. C’est fou ce que les gens, particulièrement les humains de base, ont tendance à prendre les paroles des autres au premier degré ! Encore une chose qui m’horripile, d’ailleurs.
Je souris, un brin moqueusement, avant de continuer :

– Venez, allons déposer ça sur une table, déjà…ce sera plus simple, pour les lire.

Sans attendre la réponse, avec une bonne partie de ses livres dans les bras, je me dirige vers une table pour les y déposer.

HRP:

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Par les soirs bleus d'été...

Ryushi + ceux qui veulent ♫

Je me préparai à un choc, un choc brutal au sol qui aurait attiré l'attention de toutes les personnes présentes dans la pièce, mais rien n'arriva. Juste un grand fracas, qui, lui, réussit à faire tourner les têtes.

Quelqu'un avait retenu ma chute.

D'une poigne assurée, on s'était saisi de mon bras, pour m'empêcher de tomber. Mais bien évidemment, personne n'avait assez de mains pour pouvoir rattraper tous les livres que je portais... Je me précipitai une nouvelle fois pour les ramasser, lorsque dans mon geste, je perçus à mes côtés une chevelure immaculée. Sûrement celle de celui que j'avais heurté... Je trouvais ça surprenant qu'il m'aide, malgré le fait que je l'aie dérangé, ce genre de gestes était peu communs pour moi. J'avais plutôt l'habitude que l'on me blâme et même que l'on me rabaisse.

Au moment de me redresser, j'entrai en léger contact avec le jeune homme. Inconsciemment, je frissonnai légèrement, et un sentiment de mal-être monta en moi, avant de disparaître aussi vite qu'il était apparu. Je rougis quelque peu, et levai les yeux pour observer le garçon. Bien plus grand que moi, il me dépassait de plus d'une tête et portait les cheveux blancs. J'avais du mal à lui donner un âge, mais à première vue, j'aurais dit que j'étais la plus jeune. Une apparence des plus communes, mais quelque chose me dérangeait... Ainsi, lorsque je perçus sa voix, je sursautai légèrement tout en me demandant comment réagir. Je n'étais vraiment pas douée dans les relations humaines...

– Vous devriez prendre moins de livres, ça ne réussit pas à votre vue…

Je souris. Mon coeur battait à vive allure, c'était la première personne à qui je parlais dans le pensionnat, et je me disais qu'un premier contact était important... Je ne savais pas du tout comment je devais faire, moi qui avais toujours été seule... Mais ma réflexion fut à nouveau coupée par la voix du jeune homme qui se dirigeait déjà vers une table pour y déposer les livres. Je le suivis d'un pas maladroit, et finalement débarrassée de la charge, j'inclinai légèrement la tête vers l'avant pour montrer ma reconnaissance.

J'étais debout, devant lui. Que dire ? Je rougissais à vue d'oeil. J'ouvris fébrilement la bouche, cherchant mes mots.

Lin An-Yue. En...chantée...

Je pensais que la moindre des politesses était de me présenter, moi et mon japonais excessivement fragile. Je baissai les yeux, attendant une réponse.

HRP:

Elle a l’air un peu perdue…Probablement nouvelle au pensionnat ? Peut-être même suis-je la première personne à lui parler ? Il y a des gens qui supportent moins bien la solitude que d’autre, sans doute. Elle rougit pour un rien, j’ai l’impression…

Lin An-Yue. En...chantée...

An-Yue Lin. Accent chinois ? Peut-être bien…Je ne suis pas un expert linguistique. Enfin, je sais tout de même faire la différence entre l’anglais, le latin et le chinois. Elle a baissé les yeux ; sans doute attend-elle une réponse ? Ou du moins, une présentation réciproque. Ma foi.

Ryushi Akamata. Enchanté également.

Je pose les livres sur la table en piles régulières, l’obligeant par cela à en faire autant. Je souris, légèrement. Je l’aime bien, même si cela ne se présentait pas exactement de cette manière. Oh, je sais bien qu’il y a des gens que l’on aime bien inexplicablement. Il n’empêche que cela reste toujours – comme l’adjectif que je viens de vous donner – inexplicable. Bref, elle a tout pour m’agacer, mais elle ne m’agace pas. curieux.

Ayant posé tous les livres, je m’assois, l’invite à s’asseoir à son tour de la min, et lui souris, plus largement cette fois. Puis j’ouvre mon livre, non sans lui avoir jeté un regard légèrement suspicieux. Je fais donc semblant de me plonger dans la lecture, mais en réalité, vous l’aurez compris, je réfléchis. Finalement, je lève le regard, puis la fixe. Elle a un pouvoir, je le sais. Ça a tendance à m’agacer. D’habitude, les phénomènes de pouvoirs isolés, humains ou non, me sont familiers…
Seulement là, il ne s’agit pas de phénomènes isolés, mais d’une concentration de puissance aussi invraisemblable que forte…d’ailleurs, j’en viens parfois à me demander comment ces humains parviennent à passer inaperçu – que ce soit aux yeux de leurs congénères, même si ce n’est pas toujours les cas et que les humains ne savent pas regarde…comme aux yeux du monde dit « supranaturel », qui lui, par contre, sait observer…
J’ai déjà eu des problèmes avec une ou deux créatures, mais techniquement, j’aurais dû en avoir plus. Peut-être que c’est parce que ce sont des humains.

Bref, je me suis légèrement égaré. Reprenant le fil de mes pensées, je la fixe, puis dis d’une voix basse, après avoir jeté un coup d’œil aux alentours, histoire que nul ne m’entende, ce qui aurait été irritant…

Vous n’êtes pas une humaine comme les autres, dirait-on…

Certes, je suis direct – et même beaucoup plus que d’habitude, mais je me sens impatient de connaître la raison de ce pouvoir…Par contre, j’ai commis une petite erreur. Vu la façon dont j’ai parlé des humains, elle pourrait comprendre que je ne suis pas tout à fait – voire pas du tout, en fait – humain.
Ce n’est pas très grave.

Je commence à me demander si ce séjour au Pensionnat Tsuruko ne sera pas beaucoup plus instructif que je ne le pensais, ou bien si au contraire – comme je le crois actuellement – il me permettra de connaître, et peut-être de comprendre un phénomène dont j’ignorais l’existence.
Dans le même temps, à ma connaissance, le pouvoir, chez les humains, quel qu’il soit, a toujours été extrêmement rare, et assez faible en général.

La regardant fixement, j’attends sa réaction, prêt à disposer de la moindre bribe de connaissance. Mais, je me rappelle aussi que la plupart des mortels normaux disposant soudain de pouvoirs surnaturels ne sont guères disposer à en parler, en particulier si ces mêmes pouvoirs leur ont causé des problèmes, qu’ils soient sociologiques ou purement personnels, comme c’est souvent le cas.
De plus, ces humains là ont l’air encore moins disposés à parler. Peut-être faudra-t-il que je me montre plus subtil à l’avenir.

Ce pendant que je réfléchis, le détail d’une rumeur me parvient à la lisière de la partie de mon esprit qui classe les souvenirs peu importants ou oubliés – souvent les deux.

J’ai entendu parler d’une Lune étrange…

Peut-être m’en dira-t-elle davantage.

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Il s’appelait Ryushi. Garçon qui provoquait en moi une sensation étrange, à l’air mystérieux mais jusque-là assez sympathique. Quant à ce que je pensais de lui, c’était plutôt ambigu - il me rendait perplexe. J’étais perdue dans mes pensées, le regard fixé sur lui, mon corps bougeait presque tout seul. Je l’imitais machinalement – sans doute un produit du fait que je ne susse pas quoi faire. Toutes mes réactions étaient inconscientes, allant de la plus simple affirmation à un grand sourire. Ainsi, avant que je m’en rende compte, j’étais assise d’un côté de la table, devant ce garçon.

Pendant quelques courts instants, ce fut le vide en moi. J’étais comme ça, inerte, l’air somnolent et le regard perdu dans le vide. Lorsque je repris mes esprits, Ryushi était en train de lire. Je pris alors à mon tour un livre et me plongeai dans ma lecture. J’avais la tête et les yeux qui se dirigeaient vers les pages blanches de l’ouvrage que j’avais dans les mains, mais mon esprit était ailleurs. Je n’arrivais pas du tout à me concentrer, et je jetais des coups d’œil réguliers sur la personne devant moi. Jusqu’au moment où je croisai son regard…

Ryushi me fixait bizarrement. Quelque chose en moi l’intriguait, il y avait quelque chose en moi qu’il voulait savoir. Pour seule réponse, je souris timidement avant de reposer les yeux sur mon livre. J’étais, cette fois, dans mes pensées. Je me demandais ce qui pouvait bien être si étrange en moi…

Vous n’êtes pas une humaine comme les autres, dirait-on…

À ces mots, je levai la tête et je détournai presque immédiatement le regard. Le fait de ne pas être une humaine comme les autres m’avait jusque-là causé presque que des torts, et je ne savais pas comment réagir à cette déclaration. Mais mon arrivée à Tsuruko devait être un nouveau commencement dans ma vie, et la plupart des gens résidant dans ce pensionnat étaient dans ma situation, je le savais. Alors je me résignai à répondre comme je le pouvais.

Je pris un morceau de papier et un crayon, et je commençai à griffonner dessus. Je dessinai deux personnes, une me ressemblant et une autre censée représenter Ryushi. Du buste de ce dernier, je fis apparaître un cœur –d’une représentation des plus simplistes- puis d’un coup de crayon, je reliai ce cœur à la tête du deuxième personnage par une flèche pointée vers mon « alter ego sur papier ». De cette manière, je voulais communiquer à mon interlocuteur que mon pouvoir, c’était lire le cœur des gens. Connaître leurs sentiments, leur nature –parfois leurs pensées. Mais je n’étais que très peu expérimentée dans mon pouvoir, et mes lectures s’exprimaient le plus souvent par un mal-être ou, au contraire, une sensation d’euphorie. Le reste n’était qu’interprétation.

Cependant, cette fois-ci, je n’arrivais pas du tout à interpréter. Ce que je ressentais, c’était quelque chose d’étrange, de plus « profond » que d’habitude. Quelque chose à quoi je n’arrivais pas à réagir, quelque chose qui m’ôtait tous les mots de la bouche, quelque chose qui… me faisait sentir totalement impuissante. Mais je n’arrivais pas à distinguer quelque joie ou tristesse là-dedans, c’était totalement nouveau et inconnu pour moi.

Malgré cela, il y avait une chose dont j’étais sûre : Ryushi n’était pas satisfait de ma réponse. Il y avait autre chose qu’il voulait savoir. Puisque ce n’était pas la nature de ma différence avec les autres, ce ne pouvait être que…son origine. Je trouvais étrange qu’il ne la connaisse pas, au vu du fait qu’à Tsuruko, presque tout le monde avait un pouvoir particulier. Alors peut-être était-il un humain ? Mais l’aura qu’il dégageait le distinguait d’eux ; littéralement. J’en déduisis alors, aussi invraisemblable que cela pouvait me paraître, que Ryushi n’était pas humain.

Je n’y prêtai que peu d’importance. Je n’aimais pas prêter de l’importance à ce genre de choses, aux différences entre les gens. Sûrement parce que j’avais été victime de ces différences autrefois…

Alors au lieu de me questionner à propos de la véritable nature du garçon devant moi, je me demandais plutôt si je devais entamer mon explication à propos de l’influence qu’a eue la Lune sur moi et tous les autres humains pas tout à fait humains. Après tout, même moi ne savais pas grand-chose sur ce sujet…

Timide, sans doute. Elle n’ose pas parler, se contentant de prendre un bout de papier et d’y griffonner quelques graffitis illisibles pour moi, étant donné que je les vois à l’envers. Observant plus attentivement, je m’aperçois qu’elle a dessiné deux personnes – schématisées. Un cœur, aussi. Je fronce les sourcil, et je constate qu’elle dessine une flèche. Je la regarde, et je finis par comprendre.
Elle a le don d’empathie !

Je la contemple, légèrement anxieux à l‘idée qu’elle puisse ressentir ce que j’éprouve. Pas pour moi, pour elle. je doute qu’une simple mortelle puisse y survivre sans dommage. En y réfléchissant, cela dit, peut-on dire de cette mortelle précisément qu’elle est « simple » , si elle dispose d’un pouvoir ?
C’est une notion qui se discute, mais je n’en ai guère le loisir pour le moment…

Cela dit, je crois deviner qu’elle est également légèrement intriguée par moi. C’est compréhensible. En y réfléchissant bien, si elle a le pouvoir de lire dans les cœurs des gens, elle doit se poser des questions en rencontrant un ange déchu. Les créatures non-humaines diffèrent légèrement de par les émotions que les mortels, de même que les animaux diffèrent des humains, encore que la comparaison soit inappropriée.
Toujours est-il qu’elle doit se poser quelques questions.
Après tout, si elle lit que mes émotions sont différentes, elle pourrait penser que je ne suis pas humain… Sans compter qu’elle sent peut-être les « auras ». auquel cas, elle saurait qu’effectivement, je ne suis pas humain.
Cela étant, ça n’a qu’une importance mineure, étant donné que ce pensionnat regorge d’humains tous plus bizarres les uns que les autres, sans compter les autres créatures. Après tout, j’ai croisé, je pense, plus de créatures depuis que je suis arrivé que depuis les trente dernières années.

Estimant donc que je puis parler franchement, puisque ma nature, même si elle était dévoilée, n’aurait qu’entre peu et pas d’importance, je m’y emploie, tout en « laissant échapper » une information intéressante pour elle, si toutefois elle n’en avait pas connaissance, murmurant :

Dites moi…une chose m’intrigue. Vous n’êtes pas la première que je rencontre à disposer d’un pouvoir de ce genre…Pouvez-vous m’en dire l’origine ?

Je n’ai pas pour habitude d’être aussi imprudent ni aussi direct, mais je n’ai pas envie de perdre plus de temps, et je ne pense pas que cette jeune fille soit du genre méfiant. Du moins, lorsqu’on possède le pouvoirs de lire les émotions dans l’âme de gens, la notion de « méfiance » devient très vague, il faut bien le dire…

Je ne doute pas qu’elle sera suffisamment convaincue que je n’ai aucune mauvaise intention à son égard – et elle devrait s’en féliciter, quand on sait ce qu’il advient des personnes pour lesquelles je suis malintentionné…
Bref. Je ne suis pas là pour menacer qui que ce soit, de toute façon. C’est d’ailleurs pour cela que je me montre si peu sibyllin, alors qu’habituellement, je suis diplomate quand il s’agit d’obtenir des informations.

J’attends sa réponse, non sans une certaine impatience. Peut-être la rumeur de la Lune qui m’est revenu en mémoire tout à l’heure était une invention pure et simple d’affabulateurs ou d’autres charlatans, comme c’est bien souvent le cas. peut-être aussi est-ce la stricte vérité, chose beaucoup plus rare, ou peut-être est-ce d’un mélange des deux, comme c’est également très souvent le cas.
Démêler le mensonge de la vérité est plus complexe qu’il n’y paraît, car quand les gens croient sincèrement aux mensonges, ils prennent une forme de vérité. C’est d’ailleurs le but même de tout bon mensonge…

C’est pour cette raison que s’adresser à l’auteur de tel ou tel fait est souvent beaucoup plus prudent que de se fier aux murmures et aux « on-dit », car curieusement, les gens qui croient sincèrement à leur propres mensonges – les menteurs véritables ou les fous, c’est selon – sont beaucoup, beaucoup plus rares qu’on ne le croit.

Bref, ayant l’occasion de questionner quelqu’un sur la nature de son pouvoir, et ayant une bonne probabilité d’obtenir une réponse – sinon satisfaisante – au moins intéressante…je ne vais pas m’en priver, hm ?

Ah, et il faudra que je lui demande si elle a vu d’autres créatures, telles que des anges, évidemment.

HRP:

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Par les soirs bleus d'été...

Que pouvait-il penser ? Son regard, son expression changeait régulièrement, bien que subtilement. Surprise, intrigue, curiosité, légère touche d'impatience étaient les sentiments que l'on pouvait le plus facilement lire sur son visage - et que je pouvais moi-même, en quelque sorte, ressentir. Seulement, pour moi, c'était bien plus ambigu que tout ça. Les impressions que j'avais, les pensées que j'avais, rien ne concordait avec les manifestations de ces dits sentiments. Je devinais juste, par une sorte d'éclair divin de savoir, ou bien par une simple intuition, allez savoir... Une de ces choses qui ne s'expliquent pas.

En tout cas, accumulé à ce que je ressentais déjà, cela en devenait assez oppressant. J’en arrivais même à confondre mes propres émotions avec les siennes… Que pensais-je, que j’éprouvais-je ? Que pensait-il, qu’éprouvait-il ? Qu’est-ce qui m’appartenait… ?

« Dites-moi…une chose m’intrigue. Vous n’êtes pas la première que je rencontre à disposer d’un pouvoir de ce genre…Pouvez-vous m’en dire l’origine ? »

La voix de Ryushi me tira de mes questions pendant quelques instants. Le temps que je comprenne ce qu’il me disait, de formuler une réponse, et de me rendre que compte qu’en plus d’avoir été formulée en miao – ma langue natale-, ma réponse n’avait aucun sens. Je me voyais sombrer dans le délire, sans pouvoir rien faire, même pas demander de l’aide…

Je crois qu’à ce moment-là… je tremblais faiblement. Mais alors que je me sentais m’effondrer, un mot commença à résonner dans ma tête.

« Lune. »

Je ne sais pas pourquoi, mais à ce moment-là, j’ai hoché la tête. Peut-être pour approuver ce mot comme réponse à la question qu’avait posée Ryushi, qui sait. D’ailleurs, même la voix qui avait prononcé ce mot ne m’était que vaguement familière.

Dehors, la nuit commençait à tomber, l’heure du couvre-feu approchait peu à peu. La plupart redoutaient cet instant, où ils seraient contraints de retourner dans le calme de leur dortoir - mais moi, je ne voulais que réussir à retrouver ce calme en moi, même si pour cela il fallait que je m'évanouisse. Puis tout s'embrouilla, et même cela me parut impossible à penser.

Autour de moi, des murmures sourds. Partout. Des gens qui ressentaient. Partout.
Et en moi, anarchie totale.

Elle essaye d'articuler une répone. en chinois, je crois. Miao, je pense. mais ça ne change rien, je ne parle pas très bien cette languie et elle n'a pas fourni une réponse compréhensible...
Elle tremble un peu.
Peur, peut-être ?

Bah, honnêtement, je ne crois pas que ce soit réellement important. tout ce que je sais, c'est qu'elle est émotive, qu'elle est timide, et qu'elle a un pouvoir. je pense encore à cette histoire de lune, et je la vois soudain hcher la tête. Un signe assez primitif pour faire part de son assentiment. ma foi.
Elle a l'air davoir deviné ce que je pensais...Bizarre...Sans doute cela a-t-il un lien avec son pouvoir. Enfin, bref...

Elle a l'air perdue, pas vraiment bien...je sens en elle de nombreux bouillonnements d'émotions.
Je l'interroge

Vous n'allez pas bien ? Qu'ya-t-il ?

Je ne pense pas que ce soit une excellent idée...Après tout, les humains sont assez fragiles, c'est connu. Et ilsn'aiment guère parler de leur ressenti personnel,m mais ça, je ne les en blâmerai pas, je nele fais pas moi-même.
En soi, ce que ressent cette pauvre fille n'a guère d'importance pour moi, mais si ça a un rapport avec moi, c'est dangeureux, et si je peux l'aider, ça me ferait une alliée de plus, ce qui n'est pas forcément dommageable, compte tenu du nombre d'alliés que je tiens à ma disposition, effectivement.
J'insiste :

Vous m'entendez ? Qu'ya-t-il ?

N'entendant pas de réponse, je me contente de la fixer de mes yeux bleu foncé.
J'espère qu'(elle ne va pas m'attirer d'ennuis...

HRP: