Encore une belle journée qui s’annonce. Vous en voulez la preuve ? Pour commencer, le lit n’était pas envahie de mille patte comme cela m’était arrivé les premiers jours, il restait enfin de l’eau chaude dans la salle de bain -personne n’a gaspillé tout le gaz. Et enfin, mon petit-déjeuner est resté bien en place, à l’intérieur de mon estomac, signe d’absence de substances gerbantes. Tout cela pour dire que les imbéciles de dernières années qui m’ont pris en grippe à mon arrivée avaient enfin décidé de me laisser tranquille. Pourquoi un tel revirement de situation me direz-vous ?
J’ai tout simplement découvert leur petit penchant, une petite addiction illégale mais qui permet des moments de pur paradis. Ces petites pilules hallucinatoires et autres drogues qui vous fabriquent un petit paradis artificiel. J’en faisais déjà le commerce à New York, ma ville d’origine, et je n’imaginais pas voir à quel point mon entreprise serait tout aussi florissante à Tsuruko. J’avais réunis tous les drogués sous ma botte et par le moyen du bouche à oreille, on m’appela donc le dealeur fantôme.
Fantôme car, n’étant pas si con que ça, je me rendais invisible ainsi que toutes mes cargaisons qui arrivaient par bateau grâce à mon père. Il me soutient tout à fait dans mes petites magouilles, vive la familia. En outre, c’était tellement plus excitant de dealer sous les yeux de l’administration, ici, à l’intérieur de leur propre campus. Mais mon point de rendez-vous préféré pour mes petites affaires, c’était la bibliothèque. Un endroit désert, on y trouvait seulement les rats et les intellos qui se cultivaient pour lire…des rats plus gros.
Donc je me rendais au point de rendez-vous, tout au fond de la bibliothèque, vers les sciences occultes. Mon client étais déjà là, un humain d’environs 15 ans, un petit gamin. Je lui donnais le colis que j’avais rendu invisible pendant le transport et lui recommandant de ne pas abuser, ne pas se faire, ne jamais prononcer mon nom s’il se faisait pincer, bref le toutim pour la sécurité quoi. Je regardais le gamin partir en comptant mes billets, puis soupirais. Bah, ce n’était pas ma faute s’il voulait foutre sa vie en l’air, je ne faisais que commercer. J’allais partir lorsqu’un mouvement sur le coté attira mon attention.
Une jeune fille reposait là, allongée avec un livre entre les bras. Depuis quand dormait-elle ? Avait-elle assisté à notre entretient ? Je n’en avais aucune idée, je ne l’avais même pas remarqué en allant par ici. Je rangeais mon pactole à l’intérieur de ma veste et me penchais sur la forme endormie. Je ne l’avais encore jamais vue auparavant, en même temps j’étais tout nouveau alors il était normal que je ne puisse pas mettre un nom sur toute les têtes de fourmis qui peuplaient le campus.
De longs cheveux noirs d’encre, une peau de poupée en porcelaine, une taille de guêpe ainsi que des vêtements tout ce qu’il y avait de plus sombre. Pas étonnant que je ne l’ai pas vue, cachée comme elle l’était la petite poupée. Je m’accroupie pour mieux regarder le livre qu’elle lisait, la langue était incompréhensible, ou alors le vocabulaire m’était inconnu. La jeune fille n’avait-elle pas froid ? Je retirais ma veste kaki pour l’étendre sur elle et lui retirais le bouquin des mains pour aller le reposer sur une étagère. Dieu merci, personne ne m’avait vu en plein acte de générosité dégoulinante de gentillesse, ma réputation de Supervicious en serait ternie.
Je restais assis à coté d’elle en recomptant mon butin. Je n’étais tout de même pas pourri au point de laisser une jeune fille seule et sans défense. Qui sait si un autre client viendrait ici pour acheter de la beuh. La jeune fille se décide enfin à ouvrir les yeux, je lui lançais d’un air taquin:
-Alors, bien dormit la belle au bois dormant ? Drôle d’endroit pour attendre un baiser de ton prince charmant.
Je lui lançais un sourire coquin pour appuyer mes propos tout en rangeant mes billets dans ma poche. Charmante rencontre j'imagine.