C'était une belle journée comme les aimait Lie. Le soleil baignait la rue de ses flamboyants rayons, tandis que la jeune fille était assise par terre, sur le trottoir. Elle regardait le ciel, fascinée par les nuages, s'amusant à y distinguer des formes. Comment en était-elle arrivée ici ? Et bien, elle marchait dans les rues bondées de monde, flânant comme à son habitude... Et l'envie lui prit de s'asseoir là, à côté d'un glacier, dans la partie de la rue la moins peuplée. Elle s'était assise et s'était perdue dans ses pensées. Était-ce étrange de se dire qu'elle aimait cet endroit pourtant sale et où les pigeons se posaient continuellement ? Sans doute, mais peu lui importait. Puis, comme elle ne pouvait rester là éternellement, elle soupira et murmura à elle-même:

"Que vais-je faire maintenant ?"

Mais alors qu'elle fixait l'autre extrémité de la rue d'un regard vide, elle vit... Un chat. Comme à chaque fois qu'elle en croisait un, elle eut la grande envie d'aller le caresser. Et comme elle avait du mal à refouler cette envie, elle se releva et entreprit de le poursuivre. Seulement voila, une fois sur ses deux jambes, elle percuta... Quelqu'un. Quelqu'un de très étrange, à vrai dire. Une jeune fille dont la chevelure avait une couleur bleu turquoise magnifique. Le choc la fit tomber en arrière. Lie, pleine de bonnes intentions, lui tendit la main pour la relever.

"Ça va ? Rien de cassé ?"

Elle lui sourit amicalement. Dans un regard fugitif, elle remarqua que le chat s'était enfui. Tant pis. Elle concentra toute son attention sur la jeune fille désormais débout. Qu'allait-elle faire de sa journée ? Et bien, déjà, se faire des relations. Une femme avec des cheveux d'une telle couleur ne pouvait être banale. Avec un peu de chance, elle appartenait aussi au pensionnat ? Si c'était le cas, alors quel était son pouvoir ? C'était amusant d'essayer de deviner. Son visage était agréable. Un ange peut-être ? Trêve de réflexions inutiles... Autant demander !

"Tu as là une couleur de cheveux bien étrange ! Serait-ce impoli de demander si c'est la seule chose différente chez toi ?"

Elle serait forcée de répondre, et alors Lie serait fixée. Elle-même était arrivé au pensionnat que très récemment, il y a une semaine à peine. C'était un endroit plein de créatures étranges. Lorsqu'on y circule, il parait étrangement vide, et pourtant... C'était comme un zoo de créatures magiques et dangereuses ! La jeune fille sourit à cette idée, un bien étrange sourire. Oui, elle aussi avait des pouvoirs. Des pouvoirs terrifiants capables de faire plier le plus puissant des êtres ! Mais bien sûr, elle se fichait de ça. Elle aimait la vie, et le pouvoir lui servait essentiellement à se distraire. Oui... Se distraire. Lie était avide de distraction.

Tandis qu'elle s'attendait à avoir la réponse à sa question, la jeune femme détruisit ses espérances. D'abord légèrement choquée, elle lui jeta un regard malsain, où luisait une pointe de mépris. Le cerveau de Lie réfléchissait à toute allure. Qu'avait-elle donc dit ? Peut-être était-ce trop maladroit... Habituellement, les gens dotés de dons ne s'offensait pas à cette question, au contraire: ils aimaient se vanter. Aussitôt, elle crut que la femme était en réalité une banale humaine. Qu'importe qu'elle n'ait pas de pouvoir ! Lie s'en fichait pas mal. Elle était fascinée par ses cheveux.

"Mon nom peut être avant non ? Je suis Ninary MacBell."

Lentement, Lie acquiesça. Son ton indiquait clairement qu'elle l'avait mal pris. Au moins, cela permit à la blonde de la caser: elle était typiquement le genre de personne bornée et un peu cruche qui aime à croire que le monde devrait être comme elle est. Une attitude d’aristocrate méprisante. Lie n'aimait pas ce genre de personne... Elle avait toujours vécu dans la misère, maltraitée mille fois pire qu'une simple question comme celle-là, et elle avait toujours répondu avec entrain et bonne humeur. Qu'était donc ce sentiment au fond d'elle ? De la douleur ? De la colère ? Elle sourit.

"Je m'appelle Lie Heaven"

Ou du moins, c'est toujours sous ce nom qu'elle s'était faite appelée. Ayant perdu sa famille très jeune, son nom avait perdu beaucoup d'importance. Mais alors qu'elle était perdue dans ses pensées, en fut coupée par la voix désagréable de la belle inconnue.

"Je suis désolée, je ne me sent pas très bien ici..."

Elle regardait autour d'elle à la recherche d'un échappatoire. Ah non ! C'était injuste ! Elle n'allait pas s'enfuir comme ça ! Lie l’attrapa par le poignet et la traina avec elle. Elle marcha tout droit jusqu'à apercevoir une ruelle vide qui coupait celle-ci perpendiculairement. Elle s'y engouffra, Ninary pestant derrière elle. Puis elle se retourna vers elle, souriante et amicale.

"Ici c'est mieux !" s'exclama-t-elle avant d'ajouter: "Au risque de paraître impoli, je réitère ma question... Êtes-vous différente des gens qui marchent là-bas ? N'avez-vous pas... Quelque chose de spécial ?... A moins que ce ne soit qu'une teinture..."

Elle la regarda, ses yeux bruns grands ouverts, brillant de curiosité.

Malgré toutes ses tentatives pour paraître amicale, Ninary semblait s'en moquer. Encore une fois, elle la regardait... La fixait de ces yeux méprisant, empli de méfiance, d'une rage muette, d'un embarra qui la poussait à s'enfuir. Encore et toujours du rejet. Il semblait que le ciel s'assombrissait... Non, en réalité, c'était l'esprit-même de Lie qui se refermait, oppressé, enfermé dans une rage noire. Sa colère se libéra de son âme à peine eut-elle entendu les mots de la jeune femme:

"Pour qui me prends-tu ! Ce n'est pas- Bon, je pense que nous avons fait un faux départ. Bien que je ne te fais nullement confiance je peux t'avouer faire partie du pensionnat Tsuruko, à quelques minutes d'ici. Il me semble que si tu me pose cette question c'est que tu dois également en faire partie."

Oh, oui, elle en faisait partie. Elle serrait les dents. Pour qui elle la prenait ? La question était plutôt pour qui se prenait-elle, elle ! Elle se pencha pour ramasser son sac, et dit de sa voix pressée et si désagréable:

"Finalement, peut importe qui tu es mais sache que tu dois m'oublier. A quoi bon se souvenir de cette rencontre futile. Sur ce. Sayonara !"

Non, elle ne s'enfuirait pas de cette manière. Lie avait complètement délaissé son intérêt envers elle. Elle se fichait de l'avoir parmi ces relations, ce n'était qu'une gamine égoïste ! Ce n'était plus que de la rage, rage qui explosait. C'était si rare. Regarde-moi ! Lui hurlait-elle par la pensée. Je ne suis plus une sans-abri, alors pourquoi tant de mépris ? Si tu appartiens à ce pensionnat, pourquoi rejettes-tu ton égale ? Son aura grandissait, elle serra les dents. Ses yeux brillaient d'une haine contenue, mais qui s'apprêtait à se libérer. Ninary marchait, s'enfuyant comme une lâche. Si elle avait seulement été polie... Si elle avait simplement accepté... Trop tard. Lie la regarda dans son dos et se concentra. Un mur, recouvert d'épieux en fer, venait de se dresser devant Ninary. Ah ! Qu'allait-elle faire, maintenant ? Elle était convaincue de ne pas pouvoir passer, hein ? Ou alors, elle utiliserait ses pouvoirs, et dans ce cas... Elle se trahirait elle-même ! Lie se mit à rire, un rire froid et distant, un rire blessé prêt à blesser n'importe qui. Qu'allait-elle faire, désormais ?

"Je ne te donnerais pas la chance de te rattraper. Mais je suis à l'écoute si tu veux t'excuser de ton comportement odieux. Maintenant, fuis ! Lâche !"

Son sourire était toujours là, mais n'avait plus rien d'amical.

Une averse violente s'écrasa sur elles, comme cherchant à les engloutir, frappant avec force les pavés. Lie souriait toujours, de ce sourire perdu, complètement déplacé. Ninary s'approcha d'elle, se pavanant comme une employée du bois de Boulogne, la tête haute. Elle commença à parler, des mots froids, haineux. Lie l'adorait pour les utiliser. Elle l'insultait de faible, un fois, deux fois, trois fois, cherchant à l'écraser par ses sentiments. Lie lui souriait de plus en plus, ne disant pas un mot. Elle la laissa approcher, la laissa la toucher sans rien dire.

"Que comptes-tu faire avec ça ? Tu dévoiles déjà tes pouvoirs au plein jour en à peine vingt-cinq minutes. Tu te prétends plus forte que moi ? Sache que tu es faible. Faible de montrer tes sentiments aussi vite, aussi brusquement. J'ai beau ne pas savoir ton passé, et franchement, je m'en moque éperdument, mais je sais déjà le nécessaire. Tu es faible. Tu vas me haïr, soit, mais si tu dois devenir une adversaire à ma hauteur, essaye de l'être déjà."

Lie avait une envie, une envie folle... d'exploser de rire. Elle se retenait, se mordait la lèvre. La jeune femme qui lui faisait la leçon ! Elle lui reprochait de s'énerver vite, alors qu'elle faisait exactement la même chose ! C'était trop drôle, que d'ironie dans cette situation. Elle continuait de se plaindre, de secouer ses maigres épaules comme si elle se croyait surpuissante. Mais Lie l'avait compris depuis le départ: cette gamine était convaincue d'être parfaite, d'être au centre de tout. C'était risible.

"Vas-y, montre-moi qui tu vaux jeune Lie Heaven. Crie haut et fort que tu veux ma mort que tu veux me voir à genoux en te suppliant. Vas-y, libère ce passé qui te tourmente, après tout, tu as été admise dans ce pensionnat parce que tu en valais la peine non ? Alors qu'attends-tu ? Que veux-tu ? Dis-moi que tu me hais ! Dis-moi que tu veux ma mort ! Vas-y ! Et vite ! Tu veux hurler ? Tu veux me tuer, me faire souffrir, fait sortir cette rage qui te ronge depuis tant d'année. Brise cette façade qui t'aide à tenir debout aujourd'hui encore. "Pourquoi tant de misère ? Pourquoi Moi ?" N'est-ce pas ?"

Lie n'en pouvait plus, elle explosa... Elle se prit de ventre, et se mit à rire, si haut, si fort, que la pluie semblait avoir baissé le volume. Elle riait, riait aux larmes, n'arrivant même plus à distinguer la femme tant elle voyait flou. Elle dut s'appuyer à un mur et tenta de se calmer, mais alors qu'elle recommençait à respirer, elle aperçut le regard noir de Ninary... Et elle repartit de plus belle. Pendant 5 ? 10 minutes ? Elle ne cessa de rire, n'en pouvant plus. Enfin, elle se reprit, tenta d'articuler des mots avec difficulté car les commissures de ses lèvres refusaient de s'arrêter de sourire.

"Que tu es drôle ! Vraiment !"

Elle essuya ses larmes, essaya de respirer plus lentement. Elle avait tant rit que son ventre lui faisait mal. La tuer ? Que c'était inutile ! Que c'était lâche de s'attaquer à des enfants de ce genre !

"Que d'ironie ! M'appeler faible tant de fois en s'énervant si vite ! Quel beau monologue que tu nous as fait... Tu t'es lâchée là ! Tu es sérieuse ? Je veux dire... Tu es convaincue que c'est ce que je pense ? Ha ! Je t'ai mal jugée ! Je t'avais crue intelligente et différente pendant un instant ! Je m'excuse, c'était stupide de croire ça. Tu ne m'intéresses plus. Tu peux t'en aller, va."

Et le mur disparut.

Aussitôt qu'elle avait fait disparaitre le mur, Ninary reprit ses aises, n'ayant plus peur de rien et se considérant à nouveau la plus forte. Les bras derrière la tête, elle vantait ses mérites, bien qu'ils ne lui appartenaient absolument pas. Ce genre de personnages dégoûtaient Lie à un point inimaginable. Cette gamine... Lui donnait la nausée.

"Tu vois quand tu veux."

Était-elle sérieuse ? Était-elle faible au point de se pavaner de la sorte sans avoir rien fait qui puisse en valoir la peine ? C'était à vomir...

"Mine de rien, j'ai réussit à te faire retirer cette muraille infernal. Tu te crois sans doute forte Miss Heaven. Haha ! Finalement, il est vrai que je me suis tromper à ton sujet !"

La pluie s'arrêtait, mais la colère de Lie ne faisait que croître. Elle avait envie de baffer cette petite prétentieuse, mais elle savait que si elle commençait... L'autre mourrait tellement elle ne faisait pas le poids. Elle lui tapota l'épaule, et d'un réflexe, Lie lui attrapa la main et l'écrasa dans un mouvement de provocation que l'autre ne perçut pas.

"Finalement j'aime bien avoir un adversaire a ma mesure. Mais la prochaine fois, s'il y en as vraiment une, essaye de ne pas t’asseoir par terre."

"Tu te fiches de moi ?"

Son aura était si immense à l'instant qu'elle semblait s'être étendu dans toute la ruelle. Elle allait lui fermer son clapet... A son niveau ? C'était une insulte. Elle était... Bien au dessus de l'autre. Celle-ci d'ailleurs se retirait tranquillement, satisfaite de sa prestation minable, et s'engouffra dans la rue pleine de monde. Elle traversait la route... Et Lie ne résista pas. Son pouvoir d'illusion pouvait contrôler tous les sens, et elle s'en servit... Ah ! Elle serait vengée ! Mais quelle idée stupide de le faire avec tant de témoin... Résultat, lorsque le camion fantôme surgit et renversa la femme aux cheveux bleus, ils furent des dizaines et des dizaines à affluer autour du corps sanglant... de faux sang. Oh, bien sûr, pour Ninary la douleur était réelle, et pour tous, cela était un accident... Même si derrière le volant du camion n'était assis aucun conducteur. Lie fonça sur la scène, décidée à virer tous les curieux qui s'affolaient et qui sortaient leur téléphone. En un instant, le camion avait disparu, laissant la gamine au sol, toujours couverte de sang.

"Aller, dispersez-vous !"

Elle utilisa à nouveau sa magie pour rendre Ninary invisible aux yeux des autres, qui, sous le coup de l'incompréhension, s'interrogeaient les uns les autres.

"Il n'y a rien ici !"

Et, voyant que c'était vrai, ils partirent, encore un peu sonnés. Lie souleva le corps à moitié évanoui, et le relança sans ménagement dans la ruelle, ou elle le rendit à nouveau visible. D'un coup, elle n'avait plus aucune blessure, et se redressa comme si rien ne s'était passé.

"Tu te crois à ma hauteur, hein ? Ah ! Ne me fait pas rire. Tu tremblais comme une feuille sous les roues d'un camion qui n'existe même pas."

Elle lui donna un violent coup de pied dans l'estomac, et se retourna.

"Ne recroise plus mon chemin, gamine, tu me donnes la nausée. Tu te crois supérieure quand tu n'as aucune valeur, et ça m'énerve. Tu te dis être à Tsuruko ? Je ne risque pas de t'y croiser, menteuse, car tu n'as aucun pouvoir. Adieu."

Et elle partit, sachant à l'avance que l'autre gamine la traiterait de lâche en lui disant qu'elle fuyait. Mais comme cette... Petite savait tout aussi bien qu'elle que c'était faux, peu lui importait. Elle partit d'un bon pas, bousculant les passants, son aura toujours aussi gigantesque.

Marcher... Marcher sans se retourner... Sa colère avait du mal à se calmer tant elle était bousculée par les passants. On aurait dit que tous avaient pour but d'aiguiser son envie de se battre. Lie sortait rarement de ses gonds, mais lorsque ça arrivait, elle ne se calmait pas avant plusieurs heures. Elle avait soif, tant elle était en rage. Son regard se perdit sur les vitrines dans lequel les faibles rayons du soleil se reflétaient. Il y avait un arc-en-ciel, à cause de la toute récente pluie. Habituellement, elle se serait arrêtée pour le contempler, mais là, elle n'en avait aucune envie. Elle gardait le visage rivée sur ces vitres couvertes de traces de doigts, regardant les familles attablés dans des restaurants, ou les vendeurs vanter leur produits aux clients avides de vider leur porte-monnaie.

Quelque chose la détourna de ce spectacle: Parmi les passants que la vitre reflétaient comme un miroir, il y avait vu un éclair bleu, une chevelure qu'elle n'avait que trop vue cette dernière heure. Elle se retourna d'un mouvement brusque, prête à hurler "je t'avais prévenue", mais elle ne vit qu'un gros américain en train de manger une glace en visitant la ville qui la percuta de plein fouet. Il pesta quelques secondes dans une langue qu'elle eut du mal à comprendre (l'anglais) avant de passer son chemin. Aucune trace de Ninary. Elle resta immobile quelques instants, puis finit par se retourner. A peine avait-elle repris sa marche que des cris derrière elle la firent se retourner une fois de plus. Les passants horrifiés s'étaient arrêtés et montraient du doigt un sac jeté derrière une poteau. En réalité, c'était un corps. Un corps qui portait les vêtements de Ninary.

La curiosité fut la plus forte, et elle s'approcha de la chose. Le spectacle lui donna deux impressions. Tout d'abord, elle eut envie de vomir: c'était effroyable à regarder, un corps décapité, encastré dans un mur de brique, et encore vivant. Ensuite, elle eut envie de rire, tant c'était ridicule à voir. Elle s'agitait convulsivement, comme si elle était coincée. Les cris des clients qui déjeunaient dans le restaurant de l'autre côté du mur indiquèrent à Lie que la tête s'y trouvait. Elle entra dans la salle à manger, poussant les quelques clients qui tentaient de s'enfuir, et se trouva vite en face de la tête, décrochée du corps. Elle lui jeta un regard noir, puis, prenant une chaise, elle s'assit à côté et commença à manger les restes d'une manière provocatrice. Elle était coincée ? Ah ! C'était tant mieux. Lie l'avait prévenue, elle n'avait pas l'intention de l'aider. Elle but une gorgée et s'adressa à la boule se débattant dans le mur.

"Tu es ridicule comme ça. Alors c'est ça, ton pouvoir ? Coincer ton corps de la façon la plus gore possible dans des surfaces solides ? Eh... Je continue de penser que ça ne fait pas le poids face à moi. A moins que tu n'essayes de me faire vomir ?"

Elle plongea la cuillère dans le pot de moutarde et l'agita au dessus de la tête. De tâches gênantes vinrent se déposer sur le visage de Ninary, tandis que Lie s'amusait du spectacle. Son sourire était celui de quelqu'un qui avait trouvé une distraction.

"Au fait, j'ai rendu l'autre morceau de ton corps invisible. Les gens marcheront dessus, et personne n’appellera la police ou quoi que ce soit. Nous sommes seules donc. Ah, mais je ne promets rien quand à l'état dans lequel tu seras ce soir. Je suppose que se faire enfoncer des talons dans l'estomac n'est pas très agréable..."

Elle enfonça sa fourchette dans un morceau de bœuf et l'avala. Elles allaient discuter... Ce serait amusant. Lie l'avait prévenue: elle n'avait pas intérêt à la recroiser. En plus, elle était presque sure que la gamine l'avait suivie.

"Oui, je suis coincée. C'est pas comme si c'était la première fois. Au faite, par pitié, ferme les cuisses, ça pue de la où je suis."

La tête de la gamine semblait décidée à l'emmerder jusqu'à sa mort. Elle la provoquait, chose que sa posture de lui permettait normalement pas. Plutôt que de le lui expliquer, Lie se leva, et lui écrasa la joue de son pied dans une posture dominatrice.

"Je ne te permets pas de m'insulter. Vu ta situation, tu devrais plutôt te faire oublier. Tu m'énerves."

"Sinon, à part me faire chier je croyais que tu ne vou-"

Elle fut coupée dans son élan par... Son pouvoir qui faisait des siennes ! Tch ! Cette gamine ne parvenait même pas à maîtriser un pouvoir aussi simple. Elle s'était enfoncée dans le sol et ne montrait plus aucune trace de vie. Silence. Lie n'aimait pas trop ça, aussi elle se rassit, préparée au pire. Une minute s'écoula, si bien qu'elle se détendit. Elle s'apprêtait même à se lever et à partir lorsque quelque chose de visqueux lui attrapa les chevilles. Elle baissa les yeux, et, ne voyant rien, comprit qu'il s'agissait des mains de Ninary. Elles étaient mouillées. Pourquoi ? Elle n'eut pas le temps de se poser la question qu'elle-même s'était enfoncée sous terre. La sensation était unique.... Et désagréable. Elle atterrit dans de l'eau. En était-ce vraiment ? Il faisait sombre et ça sentait mauvais. Les égouts... Ou quelque chose comme ça. En vérité, c'était plutôt le sous-sol du restaurant. Elles étaient dans une cuve qui contenait l'eau usée des déchets des repas. Mais ça n'avait pas vraiment d'importance en vérité.

"Rends mon corps visible ! Espèce de sorcière ! Sinon... Sinon ! Je... Je te plongerais jusqu'au centre de la terre !"

Elles pataugeaient, et Lie ne se souvint pas avoir vue scène plus ridicule. Cela ôtait à la gamine aux cheveux bleus toute crédibilité.

"Vas-y. J'ai hâte d'y être."

Elle ne se débattit pas, patiente. Au centre de la Terre ? C'était de la lave, une température qui tuerait n'importe qui. Autrement dit, si Ninary l'y emmenait, elle mourrait elle aussi, prise dans son propre piège. Quelle créature stupide.