Koukai wo miruku iro ni somete [ PV Aoi ]

A vrai dire, Aoi ne s'était pas attendue une seule seconde à ce que le jeune homme lui réponde sincèrement. Elle avait remarqué sa surprise ; en même temps, la question de la jeune fille paraissait peut-être un peu déplacée par rapport à la situation. Mais il fallait bien qu'elle la lui pose, non ? C'était la base de la connaissance entre deux personnes. S'il partait, comme ça, elle allait s'en vouloir de ne pas lui avoir demandé... Puis après, il y avait toutes les autres raisons déjà citées. Elle ne pensait pas non plus qu'il se mettrait à sourire... Décidément, cet inconnu était des plus étranges, et il ne cesserait de la surprendre, encore et toujours.

- Je suis Liuresa Mirgueta, nouveau surveillant dans ce pensionnat.

Elle hésita quelques secondes à le croire. Evidemment, elle ne souhaitait peut-être pas non plus lui faire confiance. Elle le savait très capable de lui mentir, juste pour son amusement personnel. Puis, un surveillant dans ce pensionnat ? Il ne pouvait sûrement rien arriver de pire. Cela voudrait donc dire qu'elle le rencontrerait à chaque coin de pièce, à chaque virage, de partouut ! Elle sentait sa petite tranquillité s'éloigner de plus en plus. "Liuresa"... ce nom lui plaisait bien, mais elle n'oserait jamais le dire à l'intéressé.

- Et toi?

Il ne restait plus à l'humaine que de répondre sincèrement au surveillant. Toutefois, elle était encore étonnée qu'il lui retourne la question. Serait-il curieux ? Lui accorderait-il en fait un minimum d'attention, plutôt que de la considérer comme un simple objet ? Mais après tout, elle ne souhaitait pas accorder la moindre importance aux paroles de ce schizophrène.

- Irogami Aoi.

Invité

Liuresa accueillit mal l'étonnement d'Aoi et le lui fit comprendre par un froncement mécontent de sourcils. Qu'allait-elle encore s'imaginer? Sa curiosité n'était que passagère. Si elle n'avait pas voulu lui dire son nom, il ne l'aurait pas forcé à le lui dire, même si de toute façon il n'aurait pas pu le faire. Bon, curiosité passagère, mais curiosité quand même, peut-être, après tout. Mais il n'y voyait vraiment rien d'étonnant. Ou bien?

- Irogami Aoi.

Liuresa ferma les yeux, mais pas complètement, de façon à tout de même pouvoir la jeune fille. "Aoi"... Il se demandait si ce prénom avait été choisi exprès ou si c'était une pure coïncidence. En tout cas, il était désormais impossible pour le surveillant d'oublier son nom. Les cheveux et les yeux d'Aoi le lui rappelleraient. Il eut un petit sourire ironique et ouvrit cette fois-ci complètement les yeux. Oui, il était impossible d'oublier ce nom.

- Hé bien, Aoi-chan...

Il fit une révérence théâtrale, mettant une main devant lui et l'autre derrière son dos. Cette façon de s'incliner montrait bien l'ironie de ce geste, qu'il n'était pas fait de manière sincère. Il le faisait juste pour s'amuser, comme toujours. Il leva légèrement la tête, de façon à pouvoir la regarder.

- Je te dis à la prochaine! A très bientôt, peut-être, même? ~

Avec un petit rire, il se releva et fit un petit demi-tour. Estimant, depuis un petit moment, qu'il n'y aurait plus rien d'intéressant, il commença à partir.

Aoi fut mécontente de ce froncement de sourcils. Ca lui ressemblait bien d'être aussi contradictoire ! Elle préféra n'y porter aucune attention, venant d'assister à bien pire durant les dernières minutes. Le voyant fermer presque complètement les yeux, elle se demanda s'il s'apprêtait encore à faire quelque chose ou non. A présent, elle se sentait toujours sur ses gardes en sa présence. S'il tentait quoi que ce soit, elle lui enfonçait ses deux doigts dans les orbites et s'enfuirait en courant... Oui, même s'il est surveillant. Elle n'hésiterait pas une seule seconde ! De plus, avec ce sourire qui suivit... Après avoir ouvert les yeux, il commença :

- Hé bien, Aoi-chan...

C'est limite si là, elle n'adoptait pas la posture de combat. Non, non, il fallait s'abstenir, attendre d'abord de voir ce qu'il allait dire... Effectivement, il se mit à faire une révérence. Il se fichait complètement d'elle, en fait ! Quel malpoli... Aoi avait envie de l'étrangler.

- Je te dis à la prochaine! A très bientôt, peut-être, même? ~

Il se releva et commença donc à partir. Ah, alors c'était comme ça, hein ? Il souhaitait encore l'embêter dans le futur ! Aoi hésita à enlever sa chaussure pour la lui envoyer dans la tête, mais s'arrêta bien vite. Elle ne voulait pas rentrer à son dortoir à cloche-pieds, ça aurait été très dommage. Tout ça pour lui ? Et puis quoi encore ? Elle se contenta alors de lui crier lorsqu'il fut assez éloigné :

- A jamais, oui !

A son tour, elle pivota sur elle-même et partit en direction des dortoirs pour se distraire et ne plus penser à cet horrible individu.