Tss...

Eeeeeh galère. Cent ans que j'avais pas lu. Eh mince, eh mince... Maintenant, j'étais bien embêtée... Même si, de surcroit, ce pourrait être le dernier de mes soucis. Aaaah, ben oui, vu le tas de choses à faire ! En classe, on avait EXIGÉ la lecture d'un livre. Vraisemblablement un classique, même plusieurs (on nous avait "laissé le choix"), dont il faudrait faire une fiche de lecture. Le gros problème, c'était que... Je ne me souvenais de rien. Absolument pas d'un titre et encore moins du nom d'un auteur... Pro-blé-ma-ti-que ! Et en plus, je n'avais rien fait que glander depuis la semaine dernière, en gros depuis le jour où on nous l'avait demandé. Et, BIEN ÉVIDEMMENT, on n'a qu'une semaine.
En gros, ce satané devoir est à rendre pour demain, première heure. Argh.
Que je suis stupide, parce qu'il ne m'est même pas venu à l'idée de demander des infos aux autres gars et filles de ma classe. À supposer que je trouve quelqu'un pour m'aider. Donc, il ne me restait plus qu'une solution : c'était d'aller à la bibli et de faire marcher mon instinct. Je suis idiote, mais pas au point de faire une fiche sur Twilight. Avec un peu de chance, le classique que je prendrais au hasard fera partie de la liste du prof.
En fait, c'était tout ou rien. Parce que j'avais du également sécher les cours pour venir ici, et c'était carrément la première fois que je voyais autant de livres.

Quelle idée de faire lire des livres, aussi ? Quelle idée d'aller dans une bibliothèque...? Un endroit où le bruit était interdit...? Comme vous l'avez peut-être compris, j'aime pas le silence. Alors une bibli serait normalement le dernier endroit où je mettrais les pieds. Et c'est trop grand, aussi. Je suis légèrement agrophobe.
Point positif : à mon entrée, personne n'a daigné me jeter un regard (il faut dire que, pour une fois, j'avais fait l'effort immense de ne pas faire de bruit), et aucun de mes amis n'étaient là. Normal, ils aimaient tous autant lire que moi. Enfin, personne ne me dénoncera. Je peux être pépère.

Ne regardant pas les "lecteurs sérieux-qui-n'ont-rien-à-se-reprocher" qui se délectaient à poser leurs mirettes sur de l'encre, je me dirigeais vers l'escalier où il était indiqué "classiques de littérature". Un nom à gerber, ma qué faire de ça ? C'était irrécupérable. Enfin bref.
J'étais justement dans un rayon, en train de farfouiller dans des tonnes de livres poussiéreux (ils étaient des milliers, et souvent trop haut pour les attraper, alors j'utilisais un escabeau), quand j'entendis un gros BOUM de l'autre côté. Je m'étais tellement imprégnée du silence que ça me fit sursauter. Je manquais de tomber de l'escabeau. Heureusement je m'étais rattrapée, mais le livre que je consultais n'eût pas cette chance. Il s'écrase par terre avec un autre BOUM. Comme si ça suffisait pas.

Encore un peu sous le choc, je descendis lentement de mon perchoir et alla voir ce qu'il se passait.
Il y avait quelqu'un d-d'enseveli sous une tonne de livres ! Je me précipitais pour les ôter, sans faire attention au boucan de tous les Diables que je faisais. C'est alors que mes yeux rencontrèrent les siens.

Je m’étais fait mal au dos, en même temps avec la choque ce n’était pas étonnant. Je suis tout de même restée quelques secondes par terre à tenter de comprendre ce qui venait de se passer, je savais que j’étais une petite fée très maladroite mais à ce point là… J’ai regardé sur les côtés, j’avais encore pleins de livres sur moi, il n’y avait personne qui venait à mon aide. Je savais que les humains étaient ainsi, ils s’occupent toujours de leur problème à eux et les autres ils s’en fiche. C’est comme ça, le monde ici est différent du mien et je dois m’y faire si je veux commencer ma vie ici. Papa m’avait déjà raconté quelques histoires sur les humains, les guerres, le racisme sur les autres races, et d’autres histoires horribles que je ne voulais pas écouter. Mais je dois comprendre ce qui se passe ici, je ne suis pas ici pour rien, peut-être que c’est le destin qui me pousse à venir dans ce pensionnat, faire un job que seul moi on est capable. Ou peut-être que je me fais un film, je ne sais pas. J’allais me relever et retirer tout les livres qui pesaient lourd quand soudain je sentis une présence près de moi, sur ma gauche plus exactement. J’ai tourné mon regard, et mes gros yeux se sont posés sur ceux d’une jeune fille qui est venue à mon secoure. Elle m’avait aidé, et c’était le premier contact visuel que j’ai eu depuis que je suis ici. Je n’avais pas vraiment compris ce qu’elle a tenté de communiquer, peut-être que je ne parlais pas la même langue, ou j’avais tout simplement mal compris. Des gens commençaient à ronchonner de nouveau car nous faisions trop de bruits, je me suis relevée doucement, déployant mes ailes car celle-ci me faisaient mal.

« Je… Merci ! »

Je lui ai tourné le dos quelques secondes, je pouvais lui dire quoi d’autres ? Je ne savais pas comment les gens ici ou les humains résonnaient. Je ne savais pas comment agir face à ça, ou encore, si elle était méchante ou si elle me voulait du mal. J’ai mis mes mains sur mon visage, je me faisais un film, un gros film qui ne servait à rien, je me suis retournée regardant le visage de la jeune fille, je lui ai adressé un grand sourire.

« C’est vraiment gentille d’être venue m’aider… Je me nomme Nyoko Nui, et toi… ? Si ce n’est pas trop indiscret ? »

« Vous pouvez vous la fermer les deux là-bas ! On veut lire nous ! »

J’ai serré les dents, évidemment, j’avais oublié qu’il ne fallait pas faire de bruit, alors j’ai commencé à survoler un peu pour ne pas toucher par terre, et j’ai commencer à ramasser es livres doucement, gardant un œil sur la jeune fille qui se trouvait vers moi, les apparences peuvent être trompeuses.