L'air est lourd. Chaud est humide, il semble appuyer sur les poumons et saupoudrer le corps d'une moiteur désagréable. Dans ce royaume silencieux, les sens son connecté à l'imaginaire par d'infimes liaisons d'énergie. La douleur dans ce songe est une souffrance dans le monde véritable. L'égratignure dans ce songe et la plaie béante dans le monde véritable. Un soupir est un souffle. Une larme est un chagrin. Une peur un cauchemar...et en ce moment l'horizon n'est que peuplé de ces formes noires.
La surface molle et boueuse qui constitue le sol est gorgée d'eau marécageuse et une brume légère rampe au niveau des chevilles , dessinant sur toute l'étendu du paysage une toile géante à la soie mouvante. Les arbres d'une forêt dense avaient été remplacés par de longs troncs à l'aspect squelettique dont les branches ressemblaient aux veines striant l'orbite d'un oeil gris ou la pupille n'était qu'un soleil invisible. Parfois, le terrain plongé d'un coup et l'herbe pourrie allait se noyer sous une petite marre d'eau trouble.
Dans un recoin de cette vision cauchemardesque, un cri retenti. Une voix de femme. Claire et cristalline sa mélodie était pourtant celle de la peur. Plongée dans l'eau jusqu'au hanche la jolie fille blonde faisait se rider la surface de l'eau avec ses frissons d'horreur. Une goutte de sueur ruisselant sur sa tombe et courant sur sa joue pâle sous le coup de la terreur, une mèche rebelle étant venue se glisser au coin de ses lèvres, Oni était paralysée. Mais il ne s'agissait pas là du travail de quelques philtres ou poisons végétaux...non cette pétrification du corps de l'esprit et de l'âme c'était une paralysie totale dont le déclencheur n'était rien d'autre que la Peur. Froide et cruelle, glissant le long des souvenirs et des peines, s'entrelaçant aux douleurs d'antan.

L'arachnide se trouvait a deux pas de la fille. Ses pattes flottaient sur l'eau noir, légèrement courbées vers l'intérieur sous le poids de l'abdomen soutenu par le céphalothorax. Ses pattes noires et à l'aspect dur et froid du métal était parsemées des longs poils noirs semblables a des ronces tandis qu'a l'extrémités de ces longues faux se trouvaient deux petites griffes acérées. Les huit yeux de la bête avaient était arrachés pour laisser la place a une figure a l'expressions figées de haine folle et pure. Mais le rictus démoniaque de la face humaine n'était pas la chose la plus dérangeante... le faciès était a l'envers , le front vers les mandibules, rendant l'expression ignoble de la bête encore plus horripilante.

Les yeux rivés sur cette horreur sans nom, la jeune infirmière hurla. Deux syllabes...un nom...un nom gravées dans les plus grandes légendes et incrusté de mystères...un nom si puissant dans ce monde qu'il explorait tant que la brume se leva d'un coup et l'eau sembla frémir sous une déferlante invisible.

Dans un autre songe, un moine ouvre les yeux. Il est vieux... et jeune... il est beau et laid... son coeur respire la justice et la liberté...mais bats aussi au rythme de la guerre et des gouttes de sang sur l'herbe verte des plaines... il défend l'innocent ...et ignore l'orphelin...il capture l'assassin... et libère le tueur... Ses actions ne sont ni bonnes ni mauvaise....il est tellement plongée dans cette équilibre parfait fait que... se rend il compte que ça liberté n'est qu'une chimère ? Et que toutes les philosophies qu'il maîtrise ne sont pas assez pour échapper aux destins qu'on lui a tracé...
Nu, sur une pierre brillante au mileux d'un lac perdu, Il rêve.
Soudain une brise... un coup de vent... une tornade qui le happe dans un univers différent. Le coup de vent se calme... et à la place ... une voix déchire le calme inquiétant des lieux dans lesquels il vient de plonger

-An... An'Tei !!!


L'araignée se rapproche doucement. Ses pattes rentre en motions l'une après l'autre se posant a la surface de l'eau. Elle ne fait aucun bruit, seul sa salive qui fuit a gros bouillon de ses mandibules/bouches et perlent dans l'eau noir comme une écume de mort trouble le silence. Du visage d'horreur une langue pour humecter bruyamment les lèvres démesurées qui accentue leur sourire carnassier a chaque pas.
La bête lève une patte crochue vers le corps horrifié de l'infirmière.

Le ciel explose...les eaux s'ouvrent...le vent se lève et bas les arbres morts de milles courroux céleste. Un épais nuage de fumée se lève .. comme si l'on avait trempé le fer incandescent d'une épée dans un bac d'eau glacée. La bête s'arrête. Le nuage a enveloppé la fille.




Un éclair noir jaillit du nuage de fumée frôlant de quelques millimètres la tête de la bête qui esquiva d'un saut court sur la droite. La fumée se lève.

Il est là. Le rêveur libre.

Ses 5 sceptres plantés dans le sol, son regard insondable verrouillé sur l'horreur qui lui fait face. Derrière son masque, aucun sentiment, une solennité implacable, un regard puissant, attentif et menaçant. Sous les lourds pans de son manteau, il a mis a l'abris Oni. Tout prêt de son coeur dont les battement toujours calme témoigne de son sang froid de guérrier.
Son bras tenant le sceptre qu'il a planté devant lui, il prépare une nouvelle offensive...plus puissante que la première.

Mais dans un rêve hanté par les peurs d'un autre... dans un rêve qui n'est pas tout à fait le sien... dans le rêve d'une personne envers laquelle les sentiments cachés éprouvés tendent a entraver la liberté, il n'a pas toute sa puissance. Il se tourne vers Oni, s'attardant encore sur sa beauté.
Le message passe... il ne faut pas lui dire deux fois. Il laisse sortir la fille de son éteinte protectrice. La peur n'a plus beaucoup de chance désormais... mais aussi vile et peureuse qu'elle est elle écume de rage et passe a l'attaque.