Elechi soupirait. Décidément, sa journée promettait d'être longue. Jamais il n'a mis autant de temps à trouver son chemin... jusqu'à maintenant. Ne souhaitant pas demander où aller, il se retrouva donc à devoir se débrouiller comme un grand avec pour seul outil son téléphone. Après de nombreuses recherches, quelques appels éclairs et une pincée d'allers-retours, il finit par se décider à prendre le taxi. Pessimiste comme pas deux à ce moment-là, il pensait que la somme qu'il devra payer une fois arrivé sera exorbitante.

Stressé, serrant la poignée d'un de ses bagages comme si il étranglait quelqu'un, le grand garçon fixait nerveusement le paysage que le trajet lui offrait sans réellement en profiter. Suant à grosses gouttes, mâchouillant l'ongle du pouce de sa main libre, le véhicule quitta la ville à son rythme, le décor passant de grands bâtiments à plaines où on ne pouvait en voir le bout. Quelques villages encore endormis se dressaient parfois au milieu de nulle part. Il n'y avait personne dehors. En effet, il était tôt. Bien trop tôt pour qu'un campagnard se lève pour aller travailler. Finalement, au bout de quelques longues minutes qui semblaient lui paraître des heures, Elechi était enfin détendu, bercé par les quelques rayons de soleil qui traversaient la vitre. Fatigué, il finit par fermer les yeux, reposant ses pauvres orbites émeraude ne serait-ce que quelques instants.

Réveillé par une voix rauque, le conducteur était en train de l'interpeller histoire de tuer le silence. Secouant doucement la tête de peur qu'elle se déboîte, il se sentait idiot d'être terrifié par ça. Une fois bien réveillé, le chauffeur de taxi commençait à lui poser quelques questions; basiques mais qui font tout de même de la conversation. Très vite, il finit par savoir l'identité d'Elechi et ses intentions une fois arrivé à destination. Il posait souvent des questions à ses clients, étant bavard comme pas deux. Mais les nerfs de l'infirmier et sa timidité maladive ont été mis à l'épreuve. Le pauvre n'étant pas bavard de nature, il se contentait de répondre brièvement, priant à chaque fin de phrase que tout se finisse rapidement.

Finalement, ils sont arrivés. Il faisait froid dehors, on pouvait voir que les bords de la vitre de la voiture étaient légèrement gelés. Et le jeune homme, vêtu d'une légère veste beige s'arrêtant à sa taille n'allait sûrement pas survivre longtemps dans ce froid matinal. D'après le tableau de bord du véhicule qu'il a emprunté, il n'était même pas dix heures du matin. Le pensionnat où il va travailler semblait à peine s'être réveillé. Il y avait quelques personnes dehors, adossées un peu partout et assises sur les bancs disponibles. Mais lui, son objectif, c'était de s'installer.

Une fois le chauffeur payé, il le regardait partir en laissant une traînée de fumée malodorante qui se dissipa au bout de quelques secondes seulement. Évitant de respirer à ce moment-là, il finit très vite par entrer dans le bâtiment plutôt imposant, traînant le poids plutôt exagéré de ses deux valises. Un peu perdu, il s'arrêta en plein milieu de ce qui semblait être l'accueil. Tremblant en voyant tout ce monde autour de lui, il cherchait du coin de l’œil un plan qui pourrait le sauver. Son premier objectif, c'était de se débarrasser de ses boulets dans la chambre qu'on lui avait sûrement déjà attribué. Et finalement, il décida d'aller demander à la gérante de l'accueil où donc se trouvait ses appartements. Ses nerfs une nouvelle fois mis à l'épreuve, Elechi était étonné que tout le monde soit d'aussi bonne humeur. Peut-être que c'était un jour spécial?

Une fois ses clés et un plan en main, il se débrouilla pour avoir la feuille sous les yeux sans avoir à s'arrêter tous les deux mètres pour avoir une main libre afin de vérifier où il se trouvait. Heureusement, il était arrivé très vite au bâtiment désiré. Ouvrant la porte, jetant ses valises près de son lit, le garçon se jeta sur ce qu'il attendait le plus: le matelas. Il se disait que ses valises attendront, tout ce qu'Elechi veut, c'est dormir.