Koukai wo miruku iro ni somete [ PV Aoi ]

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Liuresa marcha en traînant un peu des pieds, fatigué. Le voyage avait été long. Pénible, surtout. Il leva la tête pour regarder l'établissement qui se dressait devant lui et fit la grimace. Il avait l'impression de se revoir, lorsqu'il était gosse. Exactement cette même sensation de nouveau qu'il attendait impatiemment. Sauf que là, il était plus dégoûté que enthousiaste. Il voulait juste que cette "journée nouvelle", qui comportait la recherche des clés et l'installation à son appartement -deux activités extrêmement embêtantes, pour rester poli-, passe le plus vite possible. Rien qu'en pensant à cela, il se sentait encore plus fatigué. Non pas qu'il regrettait son choix d'être venu ici, non, pas déjà. C'est juste que c'était ennuyeux à souhait.
Liuresa ouvrit la porte et se dirigea vers l'accueil, demandant simplement ses clés, sans plus de cérémonie. Il ne voyait aucun intérêt à embêter la secrétaire, personne banale dont il se lasserait bien vite. Et encore, elle avait le droit à un "bonjour", "merci" et un "au revoir". Elle devait vraiment s'estimer heureuse!
Le nouveau surveillant fit quelques pas, avec l'intention de quitter l'accueil mais se heurta soudain à un obstacle qui le fit reculer.

- Oy, oy...

Il regarda la personne - car oui c'en était une, malheureusement, évènement classique qui arrive dans la plupart des accueils - qu'il avait percuté, attendant que celle-ci réagisse en premier.

Aoi était dans son dortoir, allongée sur son lit, un manga dans les mains. Elle lisait le tome vingt-sept de Negima!. Elle avait beau l'adorer, elle s'ennuyait un peu. Un peu beaucoup, même. Sa colocataire n'était même pas présente. Elle avait du mal à supporter cette situation. C'est pour cela qu'énervée, elle jeta le manga dans un coin de sa chambre, avant de foncer pour aller le rattraper. Elle vérifia qu'elle ne l'avait pas abîmé et soupira de soulagement. Il était heureusement indemne. Après l'avoir déposé délicatement sur sa table de nuit, elle sortit sans réfléchir de son dortoir et marcha droit devant elle, évitant seulement de se prendre les murs. Elle verrait bien où la mèneraient ses pas.

C'est pourquoi, quelques minutes plus tard, elle atterrit à l'accueil du pensionnat. Elle n'avait croisé que quelques élèves par-ci, par-là... principalement des personnes dont elle se fichait un peu. Elle ne leur avait jamais parlé et n'était même pas intéressée. Alors qu'elle jetait un coup d'oeil derrière elle en continuant de marcher, pour voir un professeur qu'elle n'avait jamais vu qui passait, elle se cogna brusquement contre quelqu'un.

- Oh, pardon !

Ca avait été son premier réflexe, de s'excuser. C'était une réaction plutôt normale, d'ailleurs. Faisant tout son possible pour ne pas perdre l'équilibre, elle attrapa machinalement le bras de la personne qu'elle avait percutée pour tenir debout. Une fois bien sur ses deux pieds, elle le relâcha aussitôt, un peu confuse. Elle n'aimait pas s'accrocher de cette manière à une personne dont elle n'est même pas encore sûre de l'identité, et se demanda même si elle n'aurait pas mieux fait de tomber par terre. Elle leva la tête et découvrit un garçon à peine un peu plus grand d'elle, qui paraissait être un peu plus âgé qu'elle. Elle ne l'avait jamais vu. Sur le coup, elle se demanda s'il était un élève ou non... Autant commencer par le vouvoyer, puisqu'elle n'était pas sûre du tout de la réponse.

- Excusez-moi, je ne regardais pas où je marchais... Vous allez bien ?

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Liuresa regarda l'adolescente, sans trop la regarder vraiment. Au moins, elle était plus petite que lui - bien que pour une fille, cela était tout de même moins étonnant -. Avoir devant soi une personne plus grande aurait direct était moins amusant. Pour le pourquoi, ne cherchez pas, c'était Liuresa, vous ne trouverez jamais.

- Oh, pardon !

Le surveillant haussa un sourcil. Le "oh, pardon!" typique et habituel. Vraiment, rien d'intéressant. Quoique, le fait qu'elle s'est rattrapée à lui l'était plus, bien qu'en même temps, cela l'énervait; il n'aimait pas du tout ça. Et oui, s'il avait été une gentille personne, il aurait certainement trouvé ce réflexe normal. Malheureusement pour Aoi, elle était tombée sur la mauvaise personne.

- Excusez-moi, je ne regardais pas où je marchais... Vous allez bien ?

Encore, décidément, ces réflexes "normaux", mais tellement normaux que cela en devenait lassant. Le vouvoiement, l'excuse - souvent bidon -, cette question stupide... Cette adolescente ne serait-elle donc qu'une personne tout à fait banale, comme cette secrétaire?
Néanmoins, il eut un petit sourire. Non, il savait qu'elle pourrait lui offrir un peu de divertissement, son instinct le lui disait. Il pourrait s'amuser un peu. Même beaucoup, s'il s'y prenait bien.

- Hé bien, hé bien, moi, je tiens sur mes deux jambes, donc j'en conclus que je vais bien! Mais quant à toi, je ne sais pas.

Un jour, il devrait certainement apprendre le concept du "et toi?" et non une question presque indirecte, qui était de plus, posée "presque" méchamment. Mais bon, comme il ne s'intéressait pas spécialement à cette fille, lui faire un retour de question était tout simplement futile, de son point de vue. Il observa juste un peu plus attentivement cette fois Aoi. Il sourit, encore.

- Hmm... Par contre, je ne sais pas si j'accepte tes excuses.

Aoi, qui était stressée à l'idée que le jeune homme la gronde, fixa un instant ses pieds mais décida qu'il fallait qu'elle le regarde courageusement dans les yeux. Ca ne ferait pas vraiment bonne impression de ne pas le faire, même si elle était évidemment en tort et qu'il fallait qu'elle se fasse pardonner. Mais bon, après tout, ce n'était pas la mer à boire... N'importe qui aurait trouvé même ce réflexe de s'accrocher au bras de la personne d'à côté normal, non ? C'était juste un peu gênant pour Aoi. Beaucoup, même.

- Hé bien, hé bien, moi, je tiens sur mes deux jambes, donc j'en conclus que je vais bien! Mais quant à toi, je ne sais pas.

La jeune humaine fut soulagée de le voir sourire, et qu'il n'ait rien. Il n'avait donc pas l'air en colère... C'était rassurant pour elle. Toutefois, en observant ce sourire, elle remarqua qu'il contenait quelque chose... d'étrange. Il ne paraissait pas si gentillet que ça, en fait. Peut-être qu'il cachait tout simplement sa colère ? C'était possible, s'il n'avait pas envie d'avoir d'ennui dès son arrivée. Oui, car Aoi avait déduit qu'il venait sûrement de faire son entrée au pensionnat Tsuruko, puisqu'elle ne l'avait jamais vu. Et en général, elle remarquait tout le monde au moins une fois dans les environs. Il était rare qu'elle loupe quelqu'un. Elle s'apprêta à dire au nouveau venu qu'elle allait bien, pour répondre à sa question indirecte, mais il ne lui en laissa pas le temps.

- Hmm... Par contre, je ne sais pas si j'accepte tes excuses.

Surprise, elle ouvrit la bouche pour montrer sa confusion. Toutefois, sa réponse n'était pas normale. Alors, il était vraiment en colère ? Mais pourquoi souriait-il, dans ce cas ? Sa réaction paraissait à Aoi complètement contradictoire. Cela l'énerva un peu. Juste un peu. Pour l'instant. Evidemment, car sa façon d'agir n'était pas tout à fait "injuste". Il devait sûrement avoir une raison pour ne pas vouloir la pardonner.

- Et bien, tout ce que je peux dire, c'est que je me sens vraiment confuse. Après, je ne peux rien y faire si vous ne voulez pas accepter mes excuses...

Au passage, elle nota que le jeune homme l'avait tutoyée, ne lui rendant donc pas son vouvoiement. S'il avait été un élève, et donc au même niveau qu'elle, il lui aurait rendu, non ? Elle en déduisit qu'il devait être un professeur, ou un membre du personnel du pensionnat, tout simplement. Ou peut-être juste quelqu'un de passage ? Bref, elle le saurait sûrement plus tard.

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Liuresa remarqua qu'elle avait baissé momentanément les yeux. Cela ne fit que le faire sourire davantage. Apparemment, la situation lui donnait un certain avantage. Ils s'étaient cognés, et certes, Liuresa pouvait être fautif, puisqu'il aurait pu éviter cela s'il avait été attentif - bien qu'évidemment, il ne voulait pas l'être, Aoi n'avait qu'à faire attention! Mais en plus, elle s'était rattrapée à lui, ce qu'il n'appréciait pas du tout, encore une fois. Donc c'était elle la plus fautive. Car malheureusement, elle était tombée sur une personne pas très sympathique qui, quelque soit la raison, n'aimait pas ce genre de réflexes, quand ça tombait sur lui.
Il put également remarquer la confusion et la surprise de la jeune fille. Exactement ce qu'il voulait. Enfin, après tout, à force d'agir ainsi, c'était rare qu'il n'arrivait pas à "piéger" les gens ainsi. C'était son petit plaisir, d'embêter ainsi les gens.

- Et bien, tout ce que je peux dire, c'est que je me sens vraiment confuse. Après, je ne peux rien y faire si vous ne voulez pas accepter mes excuses...

Tout en gardant le même sourire, le nouveau surveillant plissa légèrement les sourcils, juste histoire de montrer qu'il était mécontent. Elle était encore trop formelle.. Encore ce "vous". Décidément, il ne s'y habituerait jamais, même si d'un côté ça devrait lui faire plaisir.. normalement. Mais bon, Liuresa ne devait vraiment pas être normal. Il n'aimait pas cette politesse forcée qui lui rappelait celle qu'on lui avait imposée face aux professeurs.

- Oh, vraiment, tu ne peux rien y faire? Tu n'es pas vraiment convaincante, j'en conclus que tu t'excuses toujours pour un rien, sans même penser un seul instant tes excuses?

Liuresa ne pensait certainement qu'une partie de ce qu'il disait. C'est vrai qu'elle devait se faire pardonner, mais bon, pour "quelque chose comme ça", il savait que s'il lui demandait de se jeter dans la mer, cela était inapproprié. Mais qu'importe, c'était amusant.

Aoi vit le nouveau venu plisser les yeux, ne quittant cependant pas son sourire étrange. Elle se demanda en quoi sa réponse ne lui plaisait pas. Après tout, elle s'était excusée comme il le fallait, non ? Et puis, elle n'allait pas non plus se mettre à genoux pour se faire pardonner ! Il ne fallait pas pousser le bouchon trop loin... Aoi n'avait aucun problème pour s'excuser normalement, mais elle n'en faisait jamais plus. Elle utilisait juste un niveau de politesse suffisant pour être correcte.

- Oh, vraiment, tu ne peux rien y faire? Tu n'es pas vraiment convaincante, j'en conclus que tu t'excuses toujours pour un rien, sans même penser un seul instant tes excuses?

La jeune fille fut un peu choquée, ne s'attendant de nouveau pas à une réaction pareille. C'était elle, ou il prenait un certain plaisir à lui dire tout ça ? Vraiment... anormal. Elle ne le sentait pas. Quelque chose n'allait vraiment pas... Ou alors, il se méprenait totalement. Peut-être croyait-il vraiment qu'Aoi s'excusait à tout va, sans vraiment penser à ce qu'elle faisait ? Ce n'était pas très gentil, évidemment... Elle croisa les bras sur sa poitrine, montrant bien qu'elle n'était pas du genre à se laisser marcher sur les pieds, y compris venant d'un adulte (qui n'en avait même pas vraiment l'air, d'ailleurs !).

- Ecoutez, je me suis excusée de la manière la plus normale qui soit. Je ne vois pas en quoi c'est grave que je vous sois rentrée dedans, ou que je me sois accidentellement accrochée à vous... Que voudriez-vous que je fasse, au juste, pour me faire pardonner ? Je ne compte pas me mettre à genoux, ou quoi que ce soit dans ce genre, car je trouve ça inapproprié par rapport à la situation.

Elle fronça les sourcils, se demandant toutefois si elle n'était pas allée trop loin. Elle n'aurait jamais osé parler de cette manière à un professeur, ou même à un surveillant... Mais elle n'aimait pas cette injustice, et sentait qu'il fallait qu'elle se justifie pour être comprise de la bonne manière qui soit par ce jeune homme.

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Liuresa fut encore un peu plus satisfait lorsque Aoi parut choquée. C'était justement ce qu'il voulait. La troubler, et le voir. C'était juste vraiment amusant. Par contre, ce qu'il aimait moins, c'était l'air rebelle qu'elle avait lorsqu'elle croisa les bras sur sa poitrine. Non, pas du tout. Alors comme ça, elle voulait "jouer"?
Avant qu'elle parle, il chuchota très bas quelques courtes paroles que de toute façon, même si Aoi arrivait à les entendre, elle ne les comprendrait pas. Il venait d'invoquer une créature, invisible, que vola rapidement autour de Aoi, mais sans créer de courants d'air.

- Ecoutez, je me suis excusée de la manière la plus normale qui soit. Je ne vois pas en quoi c'est grave que je vous sois rentrée dedans, ou que je me sois accidentellement accrochée à vous... Que voudriez-vous que je fasse, au juste, pour me faire pardonner ? Je ne compte pas me mettre à genoux, ou quoi que ce soit dans ce genre, car je trouve ça inapproprié par rapport à la situation.

Malgré qu'il n'aimait pas qu'on lui parle de cette façon, Liuresa ne quitta pas son sourire. Au contraire, il faillit même rire - mais s'en empêcha à temps -, lorsqu'elle avait évoqué le fait qu'elle ne se mettrait pas à genoux pour se faire pardonner. Oh, mais pourquoi pas? Ce serait vraiment amusant! Quoique évidemment inapproprié, et ça, Liuresa le savait. Mais et alors? Du moment que c'est drôle!
Mais ce n'était pas dans ses projets. Pas aujourd'hui. La créature venait de lui apprendre quelque chose de très intéressant. Quelque chose dont il allait pouvoir se servir, pour embêter la jeune fille.

- Evidemment, évidemment... Mais penses-tu que je peux croire une fille qui se trimballe un revolver avec elle, alors qu'elle doit s'excuser? Qu'est-ce que tu voulais en faire? Tu vas me tirer une balle si je ne te pardonne pas? Ha! C'est du joli tout ça. Ne veux-tu pas me le donner, le temps de faire tes excuses, un simple "pardon", inoffensif?

Mais ce qu'il fallait s'attendre avec Liuresa, c'est que même si elle refusait, il n'allait pas se laisser faire. Il avait une idée qui lui plaisait. Et il comptait bien la mettre en oeuvre. Il savait qu'il n'était pas convaincant, ses arguments n'étaient pas les meilleurs, mais il va dire qu'il n'était pas en forme. De toute façon, lui, il s'en fichait.

Aoi ne remarqua pas du tout les paroles chuchotées par le garçon, évidemment. Premièrement car il avait parlé trop bas et trop discrètement pour qu'elle y fasse attention, et deuxièmement car elle était trop contrariée pour se concentrer là-dessus. De la même façon, elle ne remarqua pas la petite créature invisible qui lui tournait autour. Elle n'aurait d'ailleurs même pas pu la "ressentir", n'étant pas dotée de pouvoirs spécifiques. Après ses paroles, elle s'était attendue à ce qu'il réagisse enfin. Evidemment, car il n'y avait tout simplement rien à rajouter. Elle avait raison, et sans vouloir se vanter, elle le savait. Elle ne comprenait d'ailleurs même pas pourquoi ils en étaient toujours à parler de ça. Et dire que tout était parti d'une petite chute ! Décidément.

- Evidemment, évidemment... Mais penses-tu que je peux croire une fille qui se trimballe un revolver avec elle, alors qu'elle doit s'excuser? Qu'est-ce que tu voulais en faire? Tu vas me tirer une balle si je ne te pardonne pas? Ha! C'est du joli tout ça. Ne veux-tu pas me le donner, le temps de faire tes excuses, un simple "pardon", inoffensif?

L'humaine ouvrit grand la bouche, sous le choc - une fois de plus, pour ne pas trop changer. Elle remarquait que dès que cet étrange garçon disait quelque chose, elle ne pouvait s'empêcher d'être étonnée. Mais là, c'était le pompon du pompon. D'où est-ce qu'il savait qu'elle se baladait avec un revolver ? D'où tenait-il cette information, au juste ? Quelqu'un le lui avait-il dit ? Elle pensa à Risa, Axel et Sasha... non, impossible. Elle ne les connaissait même pas suffisamment bien pour qu'ils agissent de cette manière. Et puis, si elle leur avait dévoilé, en quelque sorte, "son secret", c'est parce qu'elle leur faisait confiance.

Cependant, encore pire, le jeune homme souhaitait qu'elle lui donnât son arme. Et puis quoi encore ? Il n'avait pas l'air de savoir, cette fois-ci, à quel point elle tenait à Aoi. Jamais elle ne la lui donnerait ! Et d'ailleurs, jamais elle ne lui tirerait dessus, non plus. Pourquoi ferait-elle une chose pareille ? Elle n'était pas si violente, tout de même. Peut-être à s'énerver un peu trop vite, mais pas à tirer sur tout ce qui bougeât (ou presque).

Sur le coup, Aoi fut donc bien embêtée. Elle n'aurait pas pu penser une seule seconde se retrouver face à ces questions. Après, les réponses qu'elle pouvait donner étaient évidentes, mais elle n'avait pas l'impression que le jeune inconnu allait l'écouter si simplement. Il fallait qu'elle réfléchît pour donner une réponse adaptée. Elle dansa donc sur un pied, puis sur l'autre, passant par inattention sa main sur sa jupe, à l'endroit où était caché le revolver. Finalement, elle s'arrêta et regarda le jeune homme droit dans les yeux.

- Comment êtes-vous au courant pour mon arme ?

Elle avait parlé d'une voix suffisamment faible pour que les gens autour d'eux ne les entendent pas. De toute façon, mais mystérieusement, la salle était vide. Apparemment, la secrétaire était partie faire un tour et aucun élève ou membre du personnel n'avait l'air d'avoir envie de passer par là. En tout cas, Aoi n'était pas décidée à répondre aux questions du nouveau venu, ni à lui obéir. Elle ne connaissait même pas son identité, à vrai dire. Il n'avait qu'à se présenter, s'il souhaitait quelque chose !

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A ce moment, en voyant Aoi si étonnée et embêtée, Liuresa ne put se contenter d'un sourire plus longtemps. Pleinement satisfait, il se mit à rire, bien qu'encore assez doucement, le contenant. Ce rire exprimait tout l'amusement qu'il ressentait en embêtant ainsi la jeune fille. Mais évidemment, ce rire était un peu étrange, puisqu'il fallait le dire, Liuresa ne devait pas être tout à fait normal, "comme il faut", sinon, il ne discuterait même plus avec la jeune fille de cela et ne chercherait pas à chercher la petite bête rien que pour la contredire, avoir raison et, bien sûr, l'énerver, l'ennuyer.

- Comment êtes-vous au courant pour mon arme ?

Il trouva qu'il avait invoqué la créature la plus adaptée à la situation. Inoffensive - elle ne pourrait même pas essayer de mordre Aoi ou même essayer de la faire tomber, tellement ce genre de créature était pacifique -, elle ne demandait qu'une quantité d'énergie très infime à Liuresa. Elles étaient surtout spécialisées en l'espionnage, le renseignement, étant commandées par Liuresa par la pensée, lui retransmettant ensuite les informations qu'elle récoltait. C'est ainsi qu'il avait su qu'elle portait une arme - un matériau différent avait été détecté. La main qu'Aoi avait mise sur sa jupe confirma au surveillant l'emplacement du revolver.
Tout en continuant de sourire, il donna - mentalement, toujours - un ordre à la créature qui était restée invisible. Elle vola rapidement jusqu'à Aoi puis lui vola le revolver. Evidemment, celui-ci était bien visible, mais la créature se déplaça si rapidement que même en courant très vite, Aoi n'aurait pu le rattraper avant qu'il se dirige vers son maître. Lorsqu'il donna le revolver à Liuresa, la créature quitta sa cachette d'invisibilité et dévoila sa vraie identité: une race proche du farfadet.

- Comment j'ai fait pour le savoir? Hé bien, je pense que tu as ta réponse désormais, par cette charmante créature ici présente que j'ai invoqué! En même temps, comme tu n'as pas daigné répondre à ma question, j'ai dû le faire moi-même. J'espère que tu m'excuseras?

Espérance évidemment fausse. Qu'elle l'excuse ou non, c'était bien la dernière chose dont il voulait se préoccuper. Liuresa regarda un moment encore l'arme. Il avait encore cette idée en tête, qu'il ne voulait pas quitter.
Il pointa l'arme en direction d'Aoi. C'était un petit joujou qu'il ne voulait pas se faire voler, si la jeune fille y arrivait par un moyen quelconque - même si Liuresa ne sentait aucun pouvoir magique venant d'Aoi, on ne savait jamais ce qu'elle pouvait faire.

Aoi regarda l'inconnu rire, perplexe. Il était quand même gonflé ! Elle n'aimait pas beaucoup ce genre de comportement. Peu à peu, elle commençait à bien entrevoir la personnalité du jeune homme. Il ressemblait bien à quelqu'un qui se fiche complètement des autres, qui ne pense qu'à lui et qui ne souhaite que s'amuser dans la vie. Un genre qu'Aoi ne pouvait pas supporter. Cependant, elle se garda bien de le lui dire, préférant garder sa politesse car il restait un adulte, avant tout. Même si elle ne l'aimait pas, elle ne pouvait se permettre de le menacer de quelque façon que ce soit.

La jeune fille sentit son revolver glisser de sous sa jupe. Pour ça, elle avait de très bons réflexes. Aussitôt, elle regarda dans la direction de la créature qu'elle ne pouvait voir et évidemment, elle ne vit que l'arme bouger à toute vitesse vers le jeune homme. Tout avait été si rapide que même avec ses bons réflexes, Aoi n'avait rien pu faire. Ahurie, elle vit soudain la créature devenir visible. Elle faillit avoir un hoquet de stupeur mais tenta de garder un masque de neutralité le plus convaincant possible. C'était plutôt raté, mais bien essayé.

- Comment j'ai fait pour le savoir? Hé bien, je pense que tu as ta réponse désormais, par cette charmante créature ici présente que j'ai invoqué! En même temps, comme tu n'as pas daigné répondre à ma question, j'ai dû le faire moi-même. J'espère que tu m'excuseras?

Aoi sentit la rage bouillonner en elle. Il avait osé... Elle n'aurait jamais pu imaginer une chose pareille. Pour qui se prenait-il pour faire une chose pareille ? Cette fois-ci, adulte ou non, elle n'en avait plus rien à faire. Seule son arme comptait. Car c'était pour elle l'objet le plus précieux en sa possession. Elle n'avait même pas vraiment compris ce que lui avait dit l'inconnu, ses oreilles bourdonnant tellement sa fureur était forte. Evidemment, elle s'apprêta à foncer sur son arme pour la récupérer. Toutefois, c'est à ce moment précis qu'il la positionna vers elle. Elle s'immobilisa, dans l'incapacité de bouger. Cet homme était vraiment dangereux. Elle n'osa pas tourner la tête, préférant garder son "ennemi" dans son champ de vision. Elle n'avait aucune idée de ce qu'il comptait faire. La tuer ? Quand même pas, non... Aoi n'avait pas particulièrement peur, car faire face à sa propre arme n'aurait jamais pu l'intimider. Elle était seulement méfiante, et à un haut point. Au bout de quelques secondes, elle dit enfin quelque chose :

- Vous rendez-vous compte de ce que vous êtes en train de faire ? La secrétaire ne va sûrement pas tarder à revenir, ou même de simples élèves ou adultes. Vous n'allez pas pouvoir rester longtemps ici, si vous agissez de cette façon. Même si je ne sais pas qui vous êtes.

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Mais son statut d'humaine la trahissait. Aoi n'était qu'une simple humaine, après tout. Liuresa avait vite fait pu apercevoir qu'elle était étonnée de voir une telle créature. Normal, elle n'avait jamais dû en voir. Même si ce pensionnat était assez spécial, Liuresa doutait que tout le monde se balade en montrant sa vraie identité. Même Aoi cachait son revolver, seulement pour dire. Mais il n'arrivait pas à se réjouir de cet étonnement. Être surprise de voir une créature fantastique? Bof, assez commun. Et puis, cela ne dépendait pas de Liuresa, mis à part que c'était lui qui les invoquait, bien que cela n'avait rien à voir. Donc si ce n'était pas lui qui provoquait directement cette surprise, cela ne l'amusait pas vraiment. Pour la première fois, l'une des réactions d'Aoi le laissait neutre.
Les traits de la jeune fille aussi la trahissait. Regarder Aoi s'énerver, même s'il ne pouvait pas voir toute la grandeur de sa colère, puisqu'elle était silencieuse, était bien plus intéressant. Le revolver avait l'air de compter pour elle. Un souvenir précieux? Qu'importe, Liuresa ne s'intéressait pas aux détails. Et puis, ce n'était pas comme s'il allait le garder. Il n'en avait pas besoin. L'autre réaction d'Aoi, la méfiance, était quelque chose de tout à fait normal face au danger que représentait le revolver pointé dans sa direction. Cette méfiance laissa donc aussi Liuresa neutre.

- Vous rendez-vous compte de ce que vous êtes en train de faire ? La secrétaire ne va sûrement pas tarder à revenir, ou même de simples élèves ou adultes. Vous n'allez pas pouvoir rester longtemps ici, si vous agissez de cette façon. Même si je ne sais pas qui vous êtes.

Liuresa sourit. Cela lui importait peu de se faire voir d'autres personnes. Qu'ils apprécient le spectacle, plutôt! Et se faire virer? Pourquoi? Il ne l'avait pas tuée! Ou du moins peut-être, pas encore. Le farfadet, qui était redevenu entre-temps invisible, s'était de nouveau déplacé vers Aoi, derrière son dos. Il la tenait, de façon à ce qu'elle ne bouge pas. Evidemment, il était pacifique, mais comme la retenir n'était normalement pas un acte de violence, Liuresa pouvait donc lui demander cette faveur.
Finalement, le surveillant ouvrit le barillet circulant du revolver et fit tomber toutes les cartouches par terre. Toutes... Sauf une, visiblement, puisque le compte n'y était pas. Il referma ensuite le barillet et le fit tourner rapidement, de sorte à ce que même lui, en connaissant l'emplacement initial de la cartouche apparemment restée à l'intérieur, lui soit inconnue.

- Ah? Je m'en fiche, si d'autres nous voient. Qu'ils en profitent! De toute façon, cela sera assez rapide, n'est-ce pas? On va jouer à un petit jeu... Je me demande si tu connais.

Lorsque le barillet s'arrêta, Liuresa vérifia qu'Aoi soit bien dans sa ligne de mire. Quant à ce qu'elle évite, impossible, le farfadet la retenait - même s'il était petit, impossible qu'elle puisse éviter totalement la possible balle, si elle devait arriver. Oui... En ayant su que Aoi possédait un revolver, Liuresa eut la folle idée de jouer à la roulette russe. Il pressa un peu plus lentemment la gâchette...
Mais aucune balle n'arriva.
Liuresa regarda l'arme, avec une surprise trop exagérée pour être réel.

- Oh, zut, raté... Tu as eu de la chance. Même si c'est moins amusant.

Ne voyant plus aucun intérêt dans ce revolver, Liuresa le lui lança, afin de lui rendre - et non, il n'était pas mauvais lanceur ni de mauvaise foi, il le lui lança correctement.

Aoi n'avait pas vraiment porté attention aux différentes réactions du jeune homme. Elle s'en fichait bien, car encore, ses yeux étaient dirigés en plein sur son arme. De folles idées lui venaient en tête, mais elles étaient toutes inconcevables. Elle pouvait essayer tout ce qu'elle voulait, il était sûr qu'elle finirait par se faire tuer. Enfin, quoique... Peut-être que l'inconnu n'irait tout de même pas jusqu'à faire une chose pareille. Ce serait vraiment choquant, surtout au sein d'un pensionnat. Non, non, elle ne pouvait pas penser ça. Il n'y avait aucun moyen pour qu'il tente de la tuer ! A moins qu'il soit un malade mental... Les pensées de la jeune fille se bousculaient dans sa tête, à tel point qu'elle ne prêtait plus du tout attention à ce qu'il se passait autour d'elle - à part concernant son revolver.

Le jeune homme avait souri. Aoi était énervée de le voir réagir de cette façon, car cela montrait que ses paroles n'avaient aucun impact. Elle détestait ça. Elle ne pouvait même pas le supporter. A sa connaissance, elle n'avait jamais connu quelqu'un qui l'irritait autant. Et pourtant, elle en avait vu, du monde, dans sa courte vie ! Toutefois, elle sursauta soudain, sentant la créature qui avait disparu la tenir pour qu'elle ne bouge pas. Elle tenta tout de même de déplacer un bras, en vain. Elle était vraiment coincée. Cela ne servait à rien de tenter quoi que ce soit ; elle était devenue une pure spectatrice de son propre... meurtre ? Car l'inconnu avait soudain bougé le revolver et toutes les cartouches étaient tombées à terre. Ou presque. Car il en restait une. Il referma le barillet et le fit tourner. Toutefois, Aoi avait déjà compris où il voulait en venir. A présent incapable de réfléchir, elle sentit une goutte de sueur perler sur son front. Il n'allait quand même pas oser, si...?

- Ah? Je m'en fiche, si d'autres nous voient. Qu'ils en profitent! De toute façon, cela sera assez rapide, n'est-ce pas? On va jouer à un petit jeu... Je me demande si tu connais.

Evidemment, qu'elle connaissait ! Elle avait vu ce petit jeu des tonnes et des tonnes de fois à la télévision ! C'était prendre la vie des autres comme un jeu... Bon sang, elle ne le connaissait même pas ! Etait-il alors un malade mental qui passait dans le coin ? C'était vraiment trop cruel. Ca ne pouvait même pas être considéré comme un "jeu". A présent, Aoi paniquait, ce qui était tout à fait normal puisqu'elle était incapable de faire quoi que ce soit. Même si elle se retrouvait en face de sa propre arme... Elle sentit les larmes lui monter aux yeux. Elle avait toujours été courageuse, mais ne pouvait pas supporter d'être impuissante. C'était une impression qu'elle avait tellement ressentie par le passé... quand elle n'avait pas encore ses armes. Incapable de protéger les gens qu'elle aimait, ni même de sauver sa propre vie. Elle avait alors décidé de changer tout ça... mais maintenant, elle ne pouvait de nouveau plus rien faire, juste assister à la scène.

Le revolver se trouvant juste en face de sa tête, Aoi sentit d'autres gouttes de sueur perler sur son visage. Il n'était pas sérieux, hein...? Il allait sûrement s'arrêter, rigoler un bon coup puis lui rendre le revolver... C'était obligé. Toutefois, son doigt presser lentement la gâchette... La jeune fille ferma les yeux de toutes ses forces. Mais rien n'arriva. Elle ouvrit alors lentement un oeil, puis l'autre, avant de se rendre compte que la balle n'avait pas été présente à cet endroit du barillet. Elle aurait pu soupirer de soulagement, mais n'y arrivait pas. Elle avait eu beaucoup trop d'émotion d'un coup, et elle ne savait pas ce que le jeune homme pouvait faire d'autre.

- Oh, zut, raté... Tu as eu de la chance. Même si c'est moins amusant.

Aoi n'arrivait même plus à être en colère. L'homme dont elle ne connaissait toujours pas le nom lui lança soudainement son arme. Surprise au plus haut point, la jeune fille faillit ne pas pouvoir la rattraper. Au passage, elle sentit le farfadet la libérer de son étreinte, et elle réussit à prendre le revolver avant qu'il ne puisse lui échapper des mains. Elle haletait, comme si elle avait parcouru des kilomètres en courant. Au bout de quelques secondes, elle put récupérer à peu près ses esprits, et sa colère réapparut à une vitesse folle. La créature ne la tenait plus, elle avait récupéré son arme, et le coupable de toute cette peur se trouvait juste en face d'elle. Le sang d'Aoi ne fit qu'un tour, et elle se propulsa à une vitesse folle, sûrement rare pour une simple humaine, et abattit son poing en plein milieu du visage de l'adulte, de toutes ses forces. Aussitôt, de son autre main, elle pointa son revolver sur le front de l'inconnu.

- Alors c'est à ça, que vous voulez jouer...?

Sa voix était pleine de haine, et elle avait à présent oublié depuis bien longtemps que c'était un adulte, en face d'elle. Le vouvoiement était toutefois toujours présent, par simple réflexe. Aoi tremblait légèrement, et sa respiration était saccadée.

Invité

Durant toute cette manœuvre, Liuresa avait observé la réaction d'Aoi, attentivement. Après tout, c'est ce qui était le plus drôle! Il pouvait voir qu'elle était troublée, qu'elle ne savait plus quoi faire. Evidemment, quand on pointe une arme sur vous et que vous ne pouvez pas vraiment vous enfuir, parce que vous risquez juste un peu de vous faire potentiellement tirer dessus, normal. Elle la vit encore une fois s'énerver, impuissante face à la situation, même incapable de bouger pour tenter d'éviter la balle. Il s'était demandé, comme ça, ce que ça faisait, quand on était sur le point de se faire tuer par sa propre arme. Evidemment, lui, c'étaient les créatures. Il essaya alors d'imaginer l'une de ses créatures échappant à son contrôle et tentant de le tuer, mais il n'y arriva pas bien; après tout, pour lui, perdre le contrôle de ses créatures était purement impensable.
Voir la panique prendre le contrôle de sa victime était horriblement amusante. Allait-elle finir par véritablement pleurer? Bon d'un coup, ce serait embêtant... Pleurer était embêtant. La réaction qu'avait Aoi était juste parfaite, du point de vue de Liuresa; une panique extrême avec juste quelques larmes aux yeux. Un pur sadique, certainement. La voir stresser, avoir le contrôle de la situation était juste tellement amusant, que Liuresa aurait aimé mettre un bouton "pause" pour voir ce visage encore, encore et encore. Mais bon, il ne pouvait pas, ou Aoi essayerait de tenter quelque chose pour s'enfuir. Et puis, il pouvait bien trouver quelque chose d'autre, une prochaine fois, pour revoir cette expression. Même s'il ne la connaissait pas, chose qui lui importait d'ailleurs peu. La voir fermer les yeux faisait aussi parti du lot. Juste incapable de pouvoir affronter une mort imminente... Quoique, qui le pouvait? Elle était juste terrorisée à l'idée qu'elle pouvait mourir. Ce qui était juste parfaitement normal. Et Liuresa pouvait, ça, bien le comprendre.

Liuresa sourit lorsqu'Aoi faillit ne pas pouvoir rattraper son arme et lorsqu'il la vit essouflée par toutes les émotions qu'elle avait dû avoir. Oui, il était pleinement satisfait de sa petite idée, qu'il trouvait parfaitement réussie. Cependant, il eut à peine le temps de voir qu'elle s'énervait à nouveau, qu'il sentit une douleur immense au visage, à un tel point qu'il finit par en tomber par terre. Il ne comprit pas de suite et porta la main à son visage, puis remarqua qu'il saigna du nez. Il devait avoir un beau nez rouge aussi. Il comprit quelques secondes après qu'Aoi venait de le frapper et releva la tête pour la voir, pointant le revolver en sa direction. Zut. Il n'aurait pas dû laisser le farfadet la lâcher, bon sang!

- Alors c'est à ça, que vous voulez jouer...?

Malgré la situation, Liuresa ne put s'empêcher de s'éclater de rire, ne se retenant pas du tout cette fois-ci, montrant toute la grandeur de sa folie. Elle le haïssait! Elle voulait essayer de jouer, maintenant! Hé bien, qu'elle essaye! Liuresa ne put pas s'arrêter pendant un moment, malgré que son visage lui fasse mal - celui qui avait dit que les filles tapaient moins fort que les garçons avait tort. Mais bon, il l'avait sans doute mérité, qu'elle lui doit du respect en tant qu'adulte ou non, mais il s'en fichait pas mal. Le surveillant se mit à se demander si Aoi pensait qu'elle avait désormais le contrôle de la situation.

- Aaah, mais oui, jouons, jouons! Tire, mais tire donc!

Liuresa était parfaitement confiant. Elle pouvait même tirer autant de fois qu'elle voudrait, il savait qu'il ne se ferait jamais touché. Parce que depuis le départ... Il n'y avait jamais eu aucune balle dans ce revolver, lorsqu'il avait commencé son "jeu".

Aoi était tellement contente de voir le visage du jeune homme si meurtri ! Ah, non, bien sûr, elle n'était pas du tout sadique, elle. Tout simplement, après avoir subi tout cela, elle ne pouvait pas s'empêcher d'être soulagée de lui avoir un tout petit peu rendu la pareille. Evidemment, elle ne comptait pas le torturer autant qu'il l'avait fait pour elle. Elle était loin d'être ce genre de fille. Trop gentille, sûrement, même si elle n'hésitait pas -comme l'inconnu avait pu le voir- à enfoncer son poing dans la tête de la personne qui l'embêterait un peu trop.

Toutefois, alors que la jeune fille avait espéré faire un peu stresser l'adulte en pointant son arme sur son front, elle le vit éclater de rire. Encore une réaction digne d'un fou. Elle hésita presque à tirer aussitôt, histoire de le faire taire un peu et qu'il arrête de rire de cette façon... Aoi en était mal à l'aise. Ca non plus, elle ne pouvait pas le supporter. Avec une arme pointée sur sa tête, il arrivait encore à faire le malin ? C'était possible, apparemment. Ou alors, il cachait sa peur, mais la fille aux cheveux bleus en doutait. Cela n'avait pas l'air d'être son genre, même si elle ne le connaissait pas vraiment.

- Aaah, mais oui, jouons, jouons! Tire, mais tire donc!

Se fichait-il d'elle ? "Tire donc" ? Cette fois-ci, Aoi se sentait vraiment capable d'appuyer sur la gâchette. Toutefois, elle, elle n'était pas aussi cruelle que le jeune homme. Et si jamais la balle se trouvait à cet endroit ? Elle ne voulait pas avoir un meurtre pareil sur la conscience, même s'il était en tort et qu'il avait tenté lui aussi de la tuer. Jamais de sa vie elle ne pourrait assassiner quelqu'un aussi facilement. C'était trop injuste.

Rien que pour voir la réaction de l'adulte, Aoi appuya légèrement sur la gâchette, sans le faire totalement. Au bout de quelques secondes, elle enleva brusquement le revolver du front de l'inconnu et recula de quelques pas rapides. Elle avait l'impression qu'il pourrait, de nouveau, essayer quelque chose contre elle. Toutefois, elle n'allait pas non plus passer la journée avec son arme pointée sur lui, si ? Et la secrétaire, elle, n'avait pas l'air d'avoir envie de revenir de si tôt... Aoi était donc plutôt mal barrée. Elle soupira et tout en gardant son regard rivé sur le jeune homme, et déclara d'une voix qu'elle essayait de faire la plus assurée possible, malgré sa peur qui était encore un peu présente :

- Je ne ferais jamais une chose pareille, moi... Je ne suis pas aussi inhumaine que vous !

Invité

Entre-temps, Liuresa avait sorti un mouchoir pour l'appliquer sur son nez - et en même temps en profita pour essuyer un peu sa main -, attendant que le saignement s'arrête. Aoi avait l'air satisfaite, tant mieux pour elle! Elle voulait le blesser physiquement, alors si cela lui faisait plaisir... Après tout, il savait qu'il l'avait un peu mérité, puisqu'il avait joué avec ses nerfs. Mais seulement avec ses nerfs. Ah bah oui, à part lui emprunter le revolver, il n'avait rien fait de physique - les réactions qu'Aoi avait eu comme la peur ou la panique étaient toutes dues au fait que Liuresa la menaçait, menace qui d'ailleurs n'existait même pas, mais ça, Aoi n'était pas censée le savoir. Il ne l'avait pas frappé. Voilà toute la différence entre eux deux... Bien que Liuresa préféra ne pas en tenir compte; ce n'était pas comme s'il voulait maintenant se relever et lui donner un coup de poing aussi. Sinon, ça continuerait pendant longtemps, cette petite histoire, et il savait que cela ne lui plairait pas. Trop ennuyeux.
Liuresa attendit patiemment qu'Aoi daigne tirer. Il trouva qu'elle hésitait trop; à sa place, il l'aurait déjà fait -évidemment...-. Lorsque la jeune fille appuya enfin légèrement sur la gâchette, au lieu de stresser comme une personne normale, il sourit. Evidemment, puisqu'il savait qu'il ne courrait aucun risque. Néanmoins, il perdit ce sourire lorsqu'elle enleva le revolver et recula. Ah, elle n'allait pas le faire finalement? Quel dommage. Bon, après tout, tant pis pour elle. Il se releva alors, puisqu'elle n'était pas décidée à tirer et la regarda.

- Je ne ferais jamais une chose pareille, moi... Je ne suis pas aussi inhumaine que vous !

- Ah, vraiment?

Il remarqua soudainement que son nez ne saignait plus. Il devait donc désormais se débarrasser de son mouchoir... Remarquant une poubelle, juste un peu plus loin, il s'y déplaça, le plus naturellement du monde, comme s'il ignorait Aoi. Une fois cela fait, il se redirigea vers elle, écartant au passage les quelques pas qu'elle avait mis entre eux. Et enfin qu'elle ne tente pas de s'échapper, il s'était déplacé un peu plus rapidement au fur et à mesure qu'il se rapprochait d'elle. Brusquement, il lui attrapa fortement le poignet de la main qui tenait l'arme, de façon à pouvoir récupérer le revolver sans aucun problème, même si Aoi opposait un peu de résistance. A nouveau, il dirigea l'arme contre elle.

- Quel dommage, franchement!

Aussitôt, il tira aussi rapidement que lui permettait l'arme. Une fois, deux fois... Aucune balle ne venait. Jusqu'à ce que vienne la "dernière chance"... Le dernier emplacement où pouvait être la balle. Ce jeu ne l'amusait plus vraiment, puisqu'il venait de l'utiliser au maximum de son potentiel, mais il voulait faire encore un peu stresser Aoi. Alors, il appuya un peu plus lentement sur la gâchette. La balle allait arriver... Sauf qu'elle n'arriva pas.
Le jeune surveillant sourit, puis lui rendit tranquillement l'arme, comme si de rien n'était.

- Alors, ma petite, tu as compris, maintenant?

Aoi fut encore un peu plus contente de voir le jeune homme s'essuyer le nez, montrant bien que ce n'était pas rien, ce qu'elle lui avait infligé. Cependant, elle ne resta pas plus longtemps si "heureuse", car elle restait énervée et n'en pouvait plus de voir ce fou. De plus, il gardait son grand sourire, alors qu'elle pointait son revolver sur lui. C'était tout simplement... impensable. Encore une fois, bien sûr. Comment pouvait-il être content alors qu'il allait peut-être se faire tuer ? Il parut même vraiment déçu lorsqu'elle enleva son arme.

- Ah, vraiment?

Elle l'observa se lever puis aller jeter son mouchoir dans une poubelle à côté, le plus naturellement possible. Aoi était bouche bée. Encore une fois, il se fichait d'elle ? Cette attitude désinvolte était la pire qui soit. Elle était tellement ébahie qu'elle ne réussit même pas à bouger lorsqu'il s'approcha d'elle. Ses pensées s'entrechoquaient à toute vitesse, et elle se demandait surtout ce qu'il allait encore faire. Elle voulut le frapper de nouveau, pour qu'il arrête de s'approcher, mais il lui prit soudain son poignet et elle ne put plus le bouger, même en se débattant. De plus, il lui arracha le revolver de la main et de nouveau, le pointa droit sur elle.

- Quel dommage, franchement!

Il n'allait tout de même pas recommencer, si...? Aoi n'arrivait même plus à agir de quelque façon que ce soit. Se refaire voler son arme... Etait-elle donc aussi inattentive ? Enfin, après tout, elle n'était qu'une humaine... mais tout de même, elle avait du mal à accepter d'être traitée de cette sorte. Toutefois, elle ne put pas continuer d'être plongée dans ses pensées, car il tira une fois, puis deux, jusqu'à n'être plus qu'à cette fameuse "dernière chance". Aoi avait le coeur qui battait à tout rompre, elle avait presque l'impression qu'elle allait s'évanouir. Tout allait tellement vite, elle pouvait mourir n'importe quand... Il aurait fallu qu'elle réagisse, qu'elle parte en courant... mais elle avait une impression étrange. L'inconnu ne tirerait tout de même pas aussi facilement, s'il risquait de la tuer ? Elle aurait plutôt pensé qu'il y serait allé lentement, pour la faire stresser de nouveau... même pas. Alors, il appuya enfin sur la gâchette. Aoi allait sûrement mourir. Mais la balle ne vint même pas. Impossible, hein...? Elle se demanda d'abord si elle n'avait pas mal compté, s'il n'y avait pas encore une "dernière chance"...

- Alors, ma petite, tu as compris, maintenant?

L'air complètement ahuri, la jeune fille reprit délicatement son arme, tremblant un peu et se demandant vraiment si elle n'allait pas tomber dans les pommes. La réalité s'imposa tout aussi doucement à elle : il n'y avait pas eu une seule balle dans le revolver, car il les avait toutes enlevées. Il n'avait jamais cherché à la tuer... De nouveau, les larmes lui montèrent aux yeux, et une déborda même un peu, jusqu'à couler lentement le long de sa joue. Elle était à la fois soulagée et frustrée. Ses jambes se dérobèrent un peu sous elle, et elle dut reculer de quelques pas pour poser son dos sur le mur. Elle n'arrivait même pas à ouvrir la bouche pour dire quoi que ce soit. Aucune réaction ne venait.

Invité

Liuresa sourit, encore une fois satisfait en voyant la jeune fille trembler à nouveau. Peut-être aurait-il dû faire ça plus lentement, à chaque "balle qui n'arrive finalement pas, peut-être la prochaine?"? Non. Il l'avait fait rapidement et l'assumait, à ce moment il était un peu blasé de ce petit jeu, estimant qu'il avait pris tout ce qu'il pouvait prendre comme émotions chez Aoi. Mais la voir trembler encore un peu était un peu comme la petite cerise sur le gâteau.
Mais il fut tout de même un peu étonné de voir la larme couler - bien qu'il ne montra pas cet étonnement et le gardait pour lui. Pourquoi pleurait-elle, maintenant? Elle n'aurait pas dû faire ça avant? Ou bien était-ce à cause de toute cette peur qui était réapparue lorsqu'il avait recommencé ce "jeu"? Bon, Liuresa s'en fichait pas mal, en vérité. Mais il était juste embêté qu'elle pleure. Il n'aimait pas ça. Le fait qu'elle tombe à genoux, qu'elle n'arrivait pas à parler et qu'elle devait être contre le mur pour se reposer un peu confirma un peu plus son hypothèse. Trop plein d'émotions qui revenait sans cesse. Elle devait être épuisée. Même ça, Liuresa pouvait le comprendre, quand même. Même si c'était bien souvent ce qu'il cherchait.
Mais la voir ainsi lui redonna une petite idée. Il s'avança à nouveau vers elle - puisqu'elle s'était reculée pour s'adosser contre le mur - et s'agenouilla devant Aoi. Il plaça ses deux mains sur chacun des côtés de la jeune fille, empêchant ainsi une probable fuite. Mais le plus étonnant n'était pas ce geste, mais surtout l'expression de son visage. Liuresa avait adouci ses traits et paraissait désormais bien plus sympathique, voire même compatissant, comme s'il venait de se rendre compte qu'il avait vraiment fait une grosse bêtise.

- Voyons, cela t'a fait tant d'effets que ça?

Il la regarda droit dans les yeux avec toute la douceur qu'il pouvait, et lentement - donnant ainsi la possibilité à Aoi de le repousser quand elle le voulait - tenta de sécher sa larme. De l'autre main, il lui caressa lentement les cheveux.

- Je suis désolé pour ce que je t'ai fait, alors qu'on ne se connaît même pas.

Liuresa dévia son regard pour le poser sur les lèvres, qui paraissaient douces, de la jeune fille, pour ensuite le replanter dans les yeux de celle-ci. Il posa ensuite une main sur l'épaule d'Aoi lentement, sans s'appuyer sur elle, puis l'autre sur son menton. Doucement, il se rapprocha, observant attentivement chaque réaction dans les yeux de la jeune fille, comme s'il ne voulait pas la blesser. Il se rapprocha encore, encore, jusqu'à ce que leurs lèvres ne furent qu'à un cheveu de se frôler...

Aoi, qui se sentait impuissante, ne chercha même pas à se débattre lorsque le jeune homme se baissa et lui attrapa chaque côté. Encore une fois, elle ne savait pas où il voulait en venir. Elle n'arrivait vraiment pas... à le comprendre simplement. Elle qui avait baissé la tête, ne désirant pas voir le visage de cette personne qui l'insupportait, leva tout de même les yeux par curiosité. D'un coup, il avait semblé être moins méchant. Avec une grande surprise, elle remarqua que l'adulte paraissait à présent totalement inoffensif, et même sympathique. Souffrait-il d'un dédoublement de la personnalité ? Ca ne l'aurait même pas étonnée qu'il fût un schizophrène.

- Voyons, cela t'a fait tant d'effets que ça?

Il paraissait vraiment s'en vouloir. Aoi devait-elle le croire ? Il était peut-être sérieux, peut-être regrettait-il vraiment ses gestes... Néanmoins, c'était trop étrange. A tous les coups, c'était encore un coup monté pour qu'il se fiche de nouveau d'elle ! Mais la jeune fille n'arrivait même pas à se mettre en colère, car elle se sentait beaucoup trop confuse. Avec une personne pareille, elle ne savait pas de quelle manière il fallait agir. De plus, il commença à lui sécher sa larme... un geste tellement doux, comment un fou pareil pouvait-il l'effectuer ? Il alla même jusqu'à lui caresser les cheveux.

- Je suis désolé pour ce que je t'ai fait, alors qu'on ne se connaît même pas.

Son regard planté dans celui du jeune homme, la fille aux cheveux bleus vit soudain celui-ci baisser les yeux pour regarder... ses lèvres ? Elle n'en revenait pas. Il n'allait tout de même pas... apparemment si. Posant une main sur son épaule et l'autre sous son menton, il approcha lentement son visage du sien... Franchement, il se fichait forcément d'elle ! Qui chercherait donc à embrasser une personne qu'on ne connait même pas ? Aoi sentait son coeur battre à tout rompre, et elle faillit rester encore sans réaction, à se laisser faire... Non, il fallait qu'elle réagisse. Vite. Brusquement, elle avança sa tête... mais ce ne fut pas pour l'embrasser, mais plutôt pour lui donner un coup de boule. Et de toutes ses forces, encore une fois. De plus, elle lui prit le poignet dont la main était sous son menton et le retourna dans son dos.

- Je... ne me laisserai pas faire plus longtemps.

Invité

Liuresa, dans la position "très proche d'Aoi", avait observé la réaction de la jeune fille. N'allait-elle donc rien faire? Etait-elle le genre de fille à se laisser embrasser par un peu n'importe qui, notamment par une personne qui venait de lui faire avoir la frayeur de sa vie juste un peu avant? Bon, si c'était comme ça... Liuresa allait peut-être vraiment devoir l'embrasser. Hé oui, car il avait beau penser ça d'elle, si elle ne réagissait vraiment pas, lui, il était un peu du genre à s'en ficher complètement, du moment que c'est lui qui décide s'il veut embrasser ou non. Ca limite quand même le "n'importe qui".
Néanmoins, il fut surpris de sa réaction. D'accord, il l'avait vu avancer sa tête; il s'était d'ailleurs aussitôt demander si elle voulait prendre les devants, si elle allait l'embrasser d'elle-même. Quoique la douleur qu'il ressentait à son menton lui donna sa réponse. Elle venait... de lui faire un coup de boule? Décidément, elle avait beau l'amuser, elle n'en restait pas moins pleine de surprises, quand elle le voulait. Même si c'était de mauvaises surprises, parce que ce n'était, encore une fois, pas un petit coup de boule. Mais il n'y avait pas que ça; voilà qu'elle l'obligeait à se retourner, en lui bloquant la main dans le dos! Non mais franchement...

- Je... ne me laisserai pas faire plus longtemps.

Liuresa ne put s'empêcher de sourire, tout en essayant de garder cet air doux sur son visage - bon après tout, elle ne pouvait pas le voir, puisqu'elle était derrière lui, à lui retenir le bras. Alors comme ça, elle avait.. compris, qu'il jouait la comédie? Ou bien elle hésitait? Liuresa ne pouvait pas vraiment le savoir... Mais il s'en fichait, encore une fois. Autant continuer le jeu encore un petit peu, histoire de voir si elle était sûre de ce qu'elle faisait. En tout cas, son visage ne le trahissait pas: il avait toujours ce même air doux, se forçant à être un peu étonné. Il y arrivait facilement, comme s'il avait fait du théâtre toute sa vie. Après tout, pour tromper les gens et s'en amuser, il avait dû développer cette faculté à changer de... "personnalité".

- Qu'est-ce que... tu fais?

Pour le jeu, il tenta même de s'échapper un peu - évidemment il n'y arriva pas, son bras lui faisant encore plus mal. D'ailleurs, son menton lui faisait mal aussi, et il aurait bien aimé se le frotter un peu histoire de faire un peu disparaître la douleur. Mais bon, tant pis, il devait le supporter, encore un peu plus longtemps. Il ne put également s'empêcher de rajouter, son caractère naturel l'obligeant:

- Ah... A moins que tu préfères toi-même faire le premier pas? Ah là là, décidément...

- Qu'est-ce que... tu fais?

Aoi fut un peu étonnée d'entendre de nouveau cette voix douce et innocente de la part du jeune homme. Après avoir "tenté" de la tuer (car oui, elle avait bien compris qu'il n'y avait eu aucune balle dans le revolver, tout de même), il osait agir de cette façon ? Même s'il était sincère, elle se demandait bien si elle pourrait lui pardonner. Non, elle ne lui pardonnerait sûrement jamais. Pas quelque chose comme ça. Il devait sûrement être fou, ou être véritablement un schizophrène. Elle se demanda pourquoi il continuait à faire son gentil, alors qu'il était sûrement loin de réellement l'être. Elle ne comptait pas se faire rouler comme ça. Etait-il à ce point idiot pour continuer sa comédie ? Ou alors, il pensait peut-être que c'était Aoi qui était stupide ?

- Ah... A moins que tu préfères toi-même faire le premier pas? Ah là là, décidément...

Il n'avait donc pas fini ? Cette phrase eut vraiment le don d'énerver encore plus Aoi. Maintenant, c'était fini, elle ne se laisserait plus faire. De quelque manière que ce soit. Elle était bien décidée à ne plus croire une seule des paroles de cet homme. Enfin, de toute manière elle ne le reverrait peut-être pas par la suite, si ? Il fallait juste qu'elle sache s'il faisait partie ou non du personnel du pensionnat... Même si elle n'avait pas du tout envie de le lui demander.

En réponse à sa question, l'humaine eut la vague envie de le frapper une nouvelle fois. Elle se retint cependant, ne voulant pas non plus passer pour une grosse brute - même si ça risquait d'être dur, maintenant. Et puis, ce n'est pas comme si elle tenait à sa réputation auprès d'une personne pareille... puis il n'avait toujours pas eu son compte. Non, non, décidément, il fallait qu'elle se retienne pour éviter d'avoir trop de problèmes par la suite. Déjà, là, elle se sentait mal barrée, de nouveau. Elle se contenta donc de répondre d'une voix dure, qui avait cessé de trembler, étant donné qu'elle avait regagné quasi-complètement son courage :

- Je n'ai aucune envie de faire "le premier pas" auprès d'un schizophrène comme vous.

Invité

Avec cette voix dure, il savait qu'il l'avait encore énervée un peu plus. Il se força un peu à sourire. Cela n'était peut-être plus que la fin, il ne récolterait certainement plus rien de vraiment amusant. Du moins pour aujourd'hui. Aoi était prévenue désormais, de la personnalité plus ou moins originale de Liuresa. Heureusement qu'il en avait pris le meilleur dès le départ! Il allait devoir trouver d'autres manières de l'effrayer et de l'embêter, désormais. En tout cas, comme sur le coup il était un peu à court d'idées vraiment intéressantes, cela serait sans doute fini pour aujourd'hui.

- Je n'ai aucune envie de faire "le premier pas" auprès d'un schizophrène comme vous.

Liuresa leva un sourcil -bien que Aoi ne le voyait pas-, intrigué. "Schizophrène"? Oh. On le traitait généralement de fou mais pas de... schizophrène. Bon, en même temps, il comprenait. Il venait de montrer deux caractères complètement opposés, juste là. Certainement normal alors qu'elle le prenne pour un schizophrène. Mais quand même! Liuresa trouva ça un peu vexant.
C'est pour cela que pour se libérer, Liuresa se releva un peu puis se retourna rapidement - malgré la douleur au bras, mais après tout, cela ne durerait pas. Ce fut lui ensuite qui tint le poignet d'Aoi. Fortement, il la poussa par l'épaule de l'autre main et la plaqua contre terre - tout en faisant attention à ce que sa tête ne cogne pas trop brutalement le sol, tout de même, il n'était pas sadique au point de vouloir lui ouvrir le crâne. Il lui tint ensuite fortement les deux poignets, pour qu'elle ne s'échappe pas, et se positionna bien au-dessus d'elle, un peu à quatre pattes. Il la regarda ensuite, un peu neutre, puisqu'il hésitait entre continuer la comédie ou arrêter. Mais pas trop longtemps, tout de même, pas pour qu'Aoi ait une idée douloureuse qui lui vienne en tête - qui était évidemment de s'aider de sa ou ses jambe(s) pour faire regretter à Liuresa d'avoir pris cette position. Finalement, il opta pour son habituel sourire amusé.

- Hé bien, il faut croire que je t'ai trop brutalisé aujourd'hui, cela ne marche même pas. Tant pis! Ce sera pour une autre fois ~

Il se releva par la suite, relâchant Aoi. Il lui tourna le dos, s'éloigna de deux-trois pas et s'étira, encore une fois le plus naturellement du monde. Puis il se souvint de quelque chose et se retourna brusquement.

- Ah et pour ta gouverne... Je ne suis pas schizophrène, d'abord!

Aoi fut surprise par la vitesse du jeune homme pour se retourner et renverser la situation. Bientôt, sans qu'elle eut le temps de trop s'en rendre compte, elle fut plaquée au sol. Evidemment, sa première réaction fut de se débattre ; elle ne voulait pas rester une seconde de plus dans cet état. Toutefois, l'adulte la tenait trop fort, et il lui était impossible de se défaire de son emprise. Elle détestait ça... Lorsqu'il se positionna au-dessus d'elle, sa première idée fut de lui donner un coup de genou où-vous-savez. Et elle se fichait complètement qu'il la regarde ou quoi que ce soit d'autre. Toutefois, elle fut déconcentrée par ses paroles ; il ne lui laissait pas le temps de le frapper, dis donc !

- Hé bien, il faut croire que je t'ai trop brutalisé aujourd'hui, cela ne marche même pas. Tant pis! Ce sera pour une autre fois ~

Elle s'en était bien doutée, qu'il se fichait complètement d'elle. Elle avait eu beau être un peu naïve au début, à présent elle avait plus ou moins bien cerné la nature de l'inconnu. Elle ne se ferait plus jamais avoir par lui ! Enfin, elle ne voulait même plus jamais le revoir, de toute manière. Il se releva, l'empêchant de le frapper. Elle aurait dû saisir sa chance plus tôt, zut... Le voyant s'éloigner, elle se sentit un peu soulagée. Il ne comptait plus l'embêter de nouveau... pour aujourd'hui ? Elle ne le savait pas bien. En tout cas, elle était presque sûre qu'elle le reverrait. Elle en profita pour se relever à son tour, peut-être un peu trop tardivement. Toutefois, le jeune homme se retourna pour une dernière remarque :

- Ah et pour ta gouverne... Je ne suis pas schizophrène, d'abord!

Aoi leva un sourcil, pas vraiment convaincue. Après tout, il lui avait bien démontré le contraire à l'instant ! Elle décida de ne rien répondre, et de le laisser s'en aller comme ça... Cependant, quelque chose lui vint en tête. Oui, elle voulait en avoir le coeur net. Sinon, elle allait stresser pendant longtemps... voir même très très longtemps. C'est pourquoi, soudain, elle l'interpella :

- Attendez ! ... J'aimerais vous demander quelque chose, avant que vous ne partiez.

Invité

Liuresa remarqua le haussement de sourcil de la jeune fille. Ne le croyait-elle pas? Quoique, le surveillant devait l'avouer que c'était sans doute normal, après tout. Un tel changement de caractère, même pour une comédie, ne devait pas être très "naturel". Quelqu'un d'autre aurait peut-être argumenté comme quoi il ne l'était pas, en voyant Aoi pas très convaincue. Mais Liuresa s'en fichait à vrai dire pas mal. Les gens n'avaient qu'à penser ce qu'ils voulaient après tout. Comme il remarqua qu'Aoi ne semblait pas vraiment vouloir parler, il commença à s'en aller mais...

- Attendez ! ... J'aimerais vous demander quelque chose, avant que vous ne partiez.

Liuresa se retourna, ne pouvant pas vraiment cacher sa surprise. Oui, il était surpris qu'elle l'interpelle ainsi, sans même prévenir. Il fronça les sourcils, mécontent. Il n'aimait pas montrer les choses comme la surprise... C'étaient des signes de faiblesse qui étaient en la faveur de l'adversaire. Mais il ne put même pas le cacher mieux, puisque l'intrigue prenait place. Que voulait-elle dire? C'était fou comme il venait de se faire avoir. Bêtement en plus. Comme il ne s'était pas attendu à ce qu'elle parle à nouveau, il n'avait pas fait attention. Et maintenant, il ne pouvait même pas se rattraper.

-... Qu'est-ce que c'est?

Il se surprit à être impatient de savoir ce qu'elle voulait demander. Pas vraiment que ça l'intéresse... Là, il voulait juste partir, en fait. Parce qu'elle ne l'amusait plus vraiment... pour aujourd'hui.

Aoi remarqua une surprise qu'elle n'avait jamais vue sur le visage de l'adulte. Elle en fut elle aussi un peu étonnée, ne s'attendant pas à le désarçonner comme ça. Comme quoi, lui aussi avait l'air d'avoir des faiblesses. Il n'était pas si "puissant" qu'il le laissait paraître. D'ailleurs, il paraissait mécontent d'avoir réagi de cette façon, vu son froncement de sourcils. Toutefois, la jeune fille ne s'attarda pas trop sur ces détails, ne voulant pas perdre sa question de tête. Ca l'obsédait suffisamment comme ça.

-... Qu'est-ce que c'est?

La jeune humaine fut plutôt contente qu'il accepte d'écouter sa question. Bien sûr, y répondre serait autre chose. Mais aux yeux d'Aoi, cet homme était quelqu'un qui n'en faisait qu'à sa tête et qui était, pour le coup, inaccessible. Elle n'avait pas l'impression qu'elle pouvait lui adresser la parole comme elle le souhaitait. Puis, le plus surprenant, c'est qu'il avait l'air d'avoir hâte de connaître la question d'Aoi. Et pourtant, ce n'était pas grand-chose. Juste une question que la jeune fille considérait comme importante, étant donné qu'alors, elle ne savait pas s'ils se reverraient... Enfin, pas comme si elle en avait envie.

- Comment vous appelez-vous ? Et que faites-vous ici ?

Après tout ce qu'il venait de se passer, on aurait pu penser qu'Aoi accordait tout de même beaucoup d'importance à connaître l'identité de cet inconnu. En fait, elle souhaitait tout simplement pouvoir placer un nom sur ce visage qu'elle détestait à présent tant, et tenait à savoir si elle le reverrait souvent, occasionnellement ou encore plus jamais - même si elle doutait de cette dernière éventualité, étant donné que le jeune homme avait parlé d'une "autre fois" juste avant.

Invité

Liuresa était même si impatient - pourtant, il n'attendait rien de cette question, il s'attendait même à une question des plus banales et ennuyantes - qu'il ne remarqua pas de suite qu'il jouait, la main dans sa poche, avec la cartouche du revolver d'Aoi, celle qui aurait dû se trouver dans le pistolet, pour que ce soit une vraie roulette russe. Lorsqu'il le remarqua, il se demanda s'il allait avoir l'occasion de la lui rendre, puisqu'il n'en avait pas besoin. Il allait même jusqu'à se demander s'il avait envie de lui rendre, en fait. Il ne trouva pas sa réponse, puisque entre-temps, Aoi avait posé sa question.

- Comment vous appelez-vous ? Et que faites-vous ici ?

Liuresa leva un sourcil. Heureusement qu'il ne s'était pas attendu à une question plus "originale", où bien il serait grandement déçu. Il se demanda pourquoi elle lui demandait soudainement cela. Mais la réponse lui semblait évidente. Elle n'en avait pas eu le temps avant. Et il se douta que c'était pour savoir si elle aurait le malheur de croiser à nouveau le chemin du nouveau surveillant. Au départ, il pensa lui dire de chercher un peu, n'ayant souvent pas envie de servir la réponse toute prête, quelque soit la question. Mais comme là il n'y voyait rien d'amusant, étrangement, et qu'il trouvait qu'elle avait tout de même le droit de savoir son nom et sa fonction, il allait faire une exception. Liuresa retrouva son habituel sourire.

- Je suis Liuresa Mirgueta, nouveau surveillant dans ce pensionnat.

Bien qu'il ne trouvait toujours pas qu'il venait d'endosser le rôle de surveillant. Après tout, peut-être qu'il n'y avait rien de vraiment spécial. Quelques secondes passèrent et il se surprit à se demander comment elle s'appelait, elle. Après tout, il s'était bien amusé. Et il venait d'avoir envie de savoir son nom. Quoiqu'il n'y accordait pas vraiment trop d'importance. Si elle ne voulait pas répondre, cela ne le dérangerait pas le moins du monde. Après tout, il avait l'habitude...

- Et toi?