Dans la voiture qui me mène au fameux pensionnat je suis rêveuse, je révise le nom de mes constellations, pour pouvoir communiquer avec leurs plus belles étoiles. Toujours en savoir plus; voilà ce que je veux. " [...] la Chevelure de Bérénice, les Chiens de Chasse, le Cocher ..." Le chauffeur de mon père m'interpelle et demande si ma famille ne va pas me manquer. je lui réponds que cela fait déjà plusieurs jours que nous voyageons dans cette parfaite voiture de luxe, que je dors convenablement, que je mange à ma faim et que rien ne me manque. Les arbres défilent, je n'arrive pas à percevoir la pancarte de la ville dans laquelle nous arrivons. Sans importance. Je suis là pour le pensionnat, pas pour la ville. Je relis les dernières indications sur ma fiche d'inscription.
~ Quand vous arriverez, demandez à la secrétaire l'emplacement du dortoir 12.
~ Suivez ses indications.
~ Avant de vous installer demandez à votre colocataire quel lit lui appartient.
Tout me semble bon, me voilà fin prête pour ma nouvelle vie.

♫♥♫♥♫

J'ai suivi à la lettre les indications de la fiche et me voilà enfin devant la porte portant le numéro 12. Je respire un grand coup avant de tourner la poignée. Ma colocataire sera t-elle comme moi ? Tout mon contraire ? Voudra t-elle parler avec moi ? Je fais un dernier tour des dortoirs. "Un ... deux ... [...] ... vingt." Si les autres dortoirs sont comme le mien et qu'ils sont tous remplis, cela veut dire qu'il y a 39 autres filles ici. 39 personnes toutes différentes les unes des autres. 39 amitiés à lier, ou pas.
Je me décide enfin a ouvrir la porte de mon dortoir. Personne. Il y a un lit sur lequel un gros sac de sport est posé, donc l'autre doit être le mien. Draps blancs, oreiller blanc. Classique. Peut-être trop. Le chauffeur de mon père me suit encore, je lui fais un signe de la main pour lui montrer ou poser mes valises.

♫♥♫♥♫

Je pose mon attirail sur mon lit, d'abord mon sac à main, il est d'une teinte amarante, les poignées sont des chaînes. Il s'ouvre avec difficulté. J'en sors en tout premier une robe parme en soie. Je cherche du regard où la poser. Une armoire, petite pour tout ce que j'avais dans mes bagages. "Y'a pas de cintres ici ? Je vais faire comment moi hein ? Qu'on me le dise ! Je veux des cintres SUR LE CHAMP." Mais il n'y avait toujours personne. Je retins ma colère un instant. Inspirer. Expirer. Je sors une petite bouteille d'eau gazeuse que j'avais gardée dans mon sac et j'en bois une grande gorgée. Je re-regarde autour de moi et je me dis que dans ces sept énormes valises il doit bien y avoir des cintres quelque part. Je sors tout à grandes brassées pour enfin trouver un minable cintre en pastique cassé au fond de la dernière valise que j'ai fouillé de fond en combles. Des énormes tas de vêtements chics, d'escarpins, de sacs de créateurs se dressaient au milieu de la pièce. Un fouillis tel un tremblement de terre. Je commence à faire des caprices et à sauter sur mes deux pieds sans voir que j'étais en train de déchirer un tailleur Jean-Paul Gaultier. Puis mon talon se casse. Je sens la colère monter en moi. J'enlève mes Louboutins détruites, j'ouvre la fenêtre et je les lance de toutes mes forces. Elles atterrissent sur la route et je n'attends plus qu'un poids lourd pour qu'elles ne me tourmentent plus.

♫♥♫♥♫

Je sors de la pièce pieds nus. Le carrelage glacé gèle mes pieds. Et j'attends l'arrivée de quelqu'un. J'attends.

- Plaît-il, jeune demoiselle... ?

Cette fille ... cette fille froide et mystérieuse, qui essaie de se donner un genre poli. La première personne que je croise. Ma colocataire ? Non, celle ci avait encore toutes ses affaires, sac et valise alors que sur le lit voisin au mien il y avait déjà un sac. Je voulais savoir qui elle était. Jusqu'au moment ou je me rendis compte que j'étais incorrecte dans cette tenue. Sans chaussures, robe froissée, des cheveux emmêlés. J'essaie immédiatement de sembler plus humaine. Je recoiffe mes longs cheveux avec mes doigts, le les tire vers l'arrière et j'essaie de défroisser ma robe avec mes mains moites. Je gigote mes doigts de pied, gênée. Je rougis comme une idiote alors qu'elle reste plantée ici. Je voulais lui demander ce qu'elle voulait, non, pourquoi elle jouait un rôle. J'expirai longuement.


Je voulais m'enfuir dans ma chambre m'enfermer ou alors l'inviter à s'asseoir sur mon tas de fringues et parler. Je sentais que cette fille était sadique. Elle voulait quelque chose d’imperceptible. Je devais savoir. Mais comment ? Tout cogitait dans ma tête. Lui demander ? Non. Demander à d'autres ? Non, elle était nouvelle comme moi, ça se voyait à ses bagages. Faire appel aux étoiles ? Oui. Oui, je devais le faire. Utiliser mon don et donc savoir le sien. Je cherchai au fond de ses yeux froids. La règle ? Non. Le Sextant ? Parfait. Des petites taches dans ses yeux formaient cette belle constellation. Des yeux magiques. Exactement. Les étoiles voulaient nous lier. Mais elle ne le voulait pas. Même si un minime rayon d'espoir était caché. Et j'y croyais. La réponse se présentait en face de moi. Elle voulait une chose, mon sang. Ma petite robe en coton et en dentelle toute courte me mettait encore plus mal à l'aise. Trop de peau apparente pour ce vampire sadique. Et puis merde. Elle aura ce qu'elle voudra, je peux rien faire d'autre. Je dois lancer la conversation d'une façon ou d'une autre. Je cherche dans mes pensées. Et je prends la première phrase qui me vient à l'esprit. Mon besoin majeur.

- T'aurais pas un cintre ?

NON. Pas ça. Qu'est ce que j'ai fait ? Ma voix avait pourtant été déterminée et sûre. Dure comme un roc. je devais dire une phrase comme "T'es nouvelle ?" ou truc du genre. Une phrase niaise qui collait assez bien à mon personnage. Mais il était trop tard, je m'étais lancée dans un monde plein de découvertes. Un monde inconnu pour moi. Le dialogue. Le dialogue avec un être aussi spécial que moi.

"- Humhm, quelle franchise..."

J'avais envie de lui dire que ça n'avait rien à voir avec la franchise. Que j'avais plutôt été directe. Trop directe. J'avais l'air sans défense, me cassant un ongle, me le plantant fort dans l'index, me marchant sur mon pied en restant toujours au même endroit. Mais la jeune femme me fixait encore. Glaciale. J'essayai de ressortir le peu de force que j'avais en moi. Je posai les deux pieds à plat. Je lâchai mes mains et relevai la tête. Une mèche se baladait en face de mes yeux, se balançant. Je la laissai. Aucune importance. Ce n'est pas elle qui m'empêchera d'enfin parler à cette fille.


Je décidai de regarder l'affaire qui se postait en face de moi, toujours collée à son mur. Elle venait de se mordre le doigt. Une fine gouttelette de sang en tombait encore. Une sorte de masochisme. Ça ne m'impressionnait pas. Les masochistes sont des humains, ils ont un plaisir tout comme nous. Sauf que ce n'est pas à ce que toute personne pourrait s'attendre. Je regardai un peu au-dessus d'elle. Le couloir, sans fin. Les derniers numéros. 17 ... 18 ... 19 ... 20. Puis je décidai de scruter la personne et plus ce couloir sans intérêt. Elle avait entre-temps mis des mitaines noires. Elle avait une valise plus que bruyante. Et des yeux. Des yeux indigos que je pris enfin la peine de dévorer du regard. Ce bleu autour et ces étincelles de sadisme. Je me souvins le jour ou mon père avait invité le gouverneur de Chine en Afrique du Sud à manger à la maison. Ce bon-vivant nous avait rapporté des délices de son pays. Des bonbons de la même couleur que les yeux de la fille. Je les avais dévorés dans ma chambre. Ils avaient un goût acide, tout comme elle.


Je revins à mes pensées en me disant que je n'avais encore rien fait pour communiquer avec elle, sauf cette fichue demande de cintre. J’avançai d'un petit pas vers la fille, laissant mes bras tomber, une lueur d'intelligence et de logique brillait dans ses yeux. Elle avait les mêmes sens que moi. Mais elle était tout de même différente. Mon coeur battait lentement, peut-être trop, je me sentais à l'aise. Non. ce n'était pas moi. Les étoiles voulaient que je réussisse et que je ne fasse percevoir aucun signe de faiblesse. Je devais leur montrer que j'étais capable d'être dure comme un roc, même si mon physique était minable. Une "pimbêche" qui ne pense qu'aux garçons et qui se la pète. Ce n'était pas moi. J'avais pourtant toujours cultivé cette image, pour vivre. Mais elle je sentais que dans son passé elle était restée elle-même. En regardant ces beaux cheveux bleus, je la sentais un peu comme un modèle pour moi. J'avais besoin de la connaître. Une grande inspiration puis cette phrase :

"- Ange, attends."

J'avais dit cette phrase avec ma plus grande force. Mais je sentais quelque chose qui n'allait pas. Je me la redisais en boucle dans ma tête. "Ange, attends. Ange, attends. Ange ..." Ange ? Mais pourquoi Ange ? En regardant la jeune femme de plus près je compris que j'avais dit quelque chose qu'il ne fallait pas. Ou bien quelque chose sur elle. Ange ? Qu'est ce que ça pouvait bien être ?

La petite Ange continuait de me fixer patiemment. Je me sentais comme imprégnée de son esprit à présent. Et puis de toute façon je l'aimais bien cette petite. Se mordant l'auriculaire jusqu'aux os, elle rêvait de me voir étripée. Moi j'échangerai plutôt les rôles. Je la sentais insolente par rapport à ce que je venais de dire. Parfait. La partie continue.


- On se présente avant de faire étalage de son don pour appeler la personne en face par son prénom.

Elle avait déjà serré mon cou le plus fort du monde avant de prononcer cette phrase. Elle sentait le gros lot arriver. Les étincelles dans ses yeux, ses mains fermes sur mon cou démontraient toute son assurance de victoire. Je ne tardai pas de lui montrer qu'elle avait choisi le mauvais ticket. Les mains le long de mon corps maigre, je me tenais serrée à ma hanche. Mon visage ne laissait passer aucun signe de faiblesse. Je me tenais droite bien ancrée dans le sol. Et puis ma main releva un côté de ma courte robe pour prendre dans la pochette que je gardais toujours autour de ma taille un petit canif avec un manche en rubis. Ce canif je l'avais eu pour mes dix ans. Mon père me l'avait donné en me disant que c'était cette petite chose qui avait protégé ma mère toute sa vie. Il me sentait assez mature pour m'en faire le don.


Je réfléchis longuement avant de le sortir pour de bon, je savais cette fille masochiste. D'ailleurs elle se mangeait encore les doigts. Ce minable petit canif ne l'impressionnerait pas des moindres. Elle aussi voulait sortir ses armes. Mais en avait-elle sur elle ? Sûrement. Quelque part cachées dans sa tunique. Cette fille est malicieuse, elle ne jouera jamais la carte de la gentillesse. Moi non plus d'ailleurs. Comme dirait le proverbe "Trop bon, trop con.". Toujours dans la même position, bien droite et en serrant ce minable canif dans ma paume. J'étais prête. Une légère goutte de transpiration coula de ma main. Par ce temps c'était presque impossible de garder toute l'eau qu'on a dans son corps.


Si seulement j'avais ce fichu revolver sur moi, je venais juste d'arriver mais les ennuis allaient de bon train. Ce revolver que j'avais dans ma valise, celui que le chauffeur m'avait donné en me disant que ce sera pour ma protection. Mais où peut-il bien être ? Dans la poche de mon sac ? Non, quelqu'un l'aurait déjà trouvé. Dans ma valise bleue ? Non c'étaient que des chaussures. Dans la rouge ? Non il y avait ma robe de bal signée Viktor and Rolf. Dans les trois roses, des vêtements. Dans la grise, toutes sortes de babioles, des livres, du multimédia. Et le revolver. Il était là. A deux foutus pas de moi. Mais la valise où elle était ? Si quelqu'un la trouve je suis fichue.


Le temps passait, l'air de moins en moins. Mais je résistais, l'envie de dominer cette ado me donnait tout le bonheur du monde. Un rire m'échappa. Puis deux. Je commençais à devenir sadique tout comme elle. Et puis on est vraiment mieux comme ça, les gens on peur, nous on rit. Rire du malheur des autres a toujours été une chose que je voulais faire. Mais là ce n'était pas moi la dominante. J'avais besoin qu'on change de rôle. Juste une seconde.


Alors Lady, on veut jouer ? Attends qu'on rigole. Viens que je goûte un peu de ce sang, il m'a l'air exquis. Je me décidai enfin d'utiliser mon petit canif. Je le dépliai et l'envie de défi monta en moi. Je ne voulais pas trop lui faire de mal à la petite mais juste m'amuser. Juste un peu. Je pliai mon coude et sortis mon bras de l'encerclement que formait son corps autour de moi. Décidée, je savais que je n'allais pas l'effrayer mais une nouvelle cicatrice sur ses bras signée par ma main serait un honneur. Brandissant mon canif et le plantant dans sa main pâlotte je me sortis de ce qu'on pourrait peut-être appeler un étranglement. Pour ne pas faire durer son plaisir j'enlevai directement mon petit couteau et je l'essuyai dans ma robe en le refermant.

- On se présente avant de faire étalage de son don pour appeler la personne en face par son prénom

Le tranchant de ma main était toujours posé contre sa gorge. Je ne voulais rien, mes yeux étaient assurés, mais sans plus. Enfin, je ne voulais rien... Si, qu'elle réagisse. Et cela, elle allait le faire. Je m'étais légèrement éloignée, de sorte à ce que mon bras soit tendu. Allez, réagis, j'attends pour jouer, moi... Je la regardais soulever un pan de sa robe, et portait ausitôt ma main sous ma tunique. Une ceinture bleue d'où pendait plein de bourses. J'immiscai mes doigts dans l'une d'elle et serrai le poing sur ce que j'y avais pris. Sans qu'on puisse voir de quoi il s'agissait.

En la voyant sortir un canif, je me concentrai sur son visage. Rappelles-toi, penses et agis en même temps. Anticipes encore et toujours. Oh que je m'en rappelais, senpai.. Je la regardai se camper sur ses pieds, serrer son canif, et vis ce filet de sueur qui avait laissé perlé une goutte. Tiens tiens... Tu te sentais prête à jouer, ma belle ? J'étais loin de me douter que tu comprendrais la signification de ma phrase, mais je suis ravie que tu agisses ainsi. Mon poing ne laissa paraître nullement ce qui se trouvait en dedans. Fermement fermé, une forteresse qu'elle ne réussirait pas à prendre. J'observai toujours son visage, à l'affût du moindre son.

Je pensai un court instant aller chercher mon sabre, mais je me ravisai. J'étais sur le point de jouer un petit peu, alors autant jouer, je pourrais mieux la tuer par la suite. Je réfléchis longuement. Utiliser mon don, et elle mourrait de suite. Alors, non. Les shurikens ? Elle n'en valait même pas la peine. Mon magnifique revolver.. ? Non plus, trop bruyant et je n'avais pas mon silencieux sur moi. Avec mon sabre, je lui aurais réglé son compte. Même avec les armes que je tenais, je le pouvais. Il ne fallait pas être sorcier pour pouvoir la tuer. Méfiant, par contre oui. Anticipation...

Son visage en disait toujours aussi long. Tu voulais quoi, toi... ? Le jouet voulait dominer son maître... ? Comme c'est cliché.. Je ne t'en laisserai même pas le moyen. Ses rires sadiques qui se déclenchèrent ne me firent rien non plus. A l'incipit de notre rencontre, elle m'était encore plus détestable. Là... Elle voulait me ressembler ou quoi ? Ah... L'instinct a parlé. Brusquement, mon expression se fit lasse. Bats-toi si ça t'amuse, la force et l'agilité que recquiert une arme ne s'apprend pas en une seconde. Je la jaugeai, encore et toujours, attendant ce petit éclat qui me dirait qu'elle allait attaquer.

Petit éclat qui ne se fit pas attendre. J'étais partie pour l'étrangler, mais le tranchant de ma main sur sa gorge ne broncha pas. Je glissai mes armes dans mes mitaines discrètement. Mon annulaire sortit de mes lèvres pour aller prendre son poignet avant que son canif n'entaille ma peau. Pas de sang, juste une pression. Je m'écartai en reculant d'une dizaine de centimètres, laissant mes bras retomber le long de mon corps, inertes. Je fixai la demoiselle avec son canif. Puis, pour la première fois, un sourire amusé se peignit sur mon expression calme.

- Ange, c'est bien mon prénom.. Et le tien ?

Mon soprano enfantin restait glacial, mais sonnait aussi avec de la courtoisie. " Merci pour ce petit échange de débutants ". Même si mon visage calme restait légèrement amusé, mes yeux demeuraient froids. Je plaçai mes paumes ouvertes face à moi, sortit les armes de mes mitaines pour les mettres dans une de mes paumes. Le tout sans que ça ne se voit. De là ou elle était, en tout cas. Je fermais mon poing sur mes petites armes, puis la regardai de nouveau. Un canif, hein.. ? Mon sourire amusé s'étira légèrement. Elle restait tout de même une aristocrate dans ses gestes. J'aurais pu lui piquer son canif, mais je ne lui donnerai pas ce droit. Déjà que j'avais manqué de la laisser me saigner, il ne fallait pas exagérer non plus...

Je l'observai toujours. Encore et toujours. Ses yeux gris m'étaient indifférent, c'était ce gris qui m'intriguait. Le genre de gris... Le genre de gris qui m'intriguait, quoi. J'allais pas expliquer non plus pourquoi. Oh. Je dis juste que ce gris m'intriguait. M'intriguai tellement que je lui aurais arraché l'orbite de son oeil droit si elle n'avait pas commencé à faire mumuse avec son canif. Mon sourire amusé revint à pas de loup. Son canif... Son canif et ses yeux gris..

Mes pensées se firent brusquement... évasives. Comment pouvait-elle en pyjama... ? Mon visage rêveur et moqueur semblaient l'avoir oubliée. En chemise de nuit... Qu'est-ce qu'on pouvait faire la nuit en chemise de nuit ? Zut. Pas le moment de penser à ça. Je la scrutai brusquement, partagée entre mes envies. Et tout aussi brusquement, je m'approchai d'elle. Pas d'assurance, de confiance en soi, rien de tout cela. Je n'affichai que mon calme. Uniquement que mon calme. Et, tout aussi brusquement, je me penchai vers elle, vers son oreille plus précisément, que je mordillai. Pas de sadisme, non, une autre idée m'avait traversé l'esprit. Oui, jolie demoiselle, certaines choses me plaisaient et ne concernait pas directement le sang...

Après avoir joué avec son oreille, je ne bougeais plus. Presque. Presque parfait. Une douleur me lança la main, légère, fugace. Ah, elle m'avait légèrement entaillé le poignet. Ma mitaine avait survécu. Parfait, peu d'importance. Je mordillai son oreille à nouveau, puis, toujours avec le même calme, mon soprano enfantin se fraya un passage entre mes lèvres. Il était légèrement moqueur. Légèrement...

- Humhm, mais quelle franchise, dites donc...

Je me redressai face à elle. J'aurais presque aimé qu'elle comprenne ce que j'entendais par là. Pour l'instant, elle n'avait pas compris. On allait vérifier ça. Et bien, jolie demoiselle, soit digne de cette étincelle d'intelligence qui brille dans tes pupilles...